Là-bas, la beauté - Henri Texier quintet
Vendredi
– concert du soir. La place devant l’abbatiale est pleine pour
écouter le multigénérationnel quintet d’Henri Texier. Au début,
la facture semble très classique : un long solo à la
contrebasse propose une mélodie grave, puis les instruments entrent
l’un après l’autre pour déclarer le thème ensemble. Ils
reprennent chacun la parole à tour de rôle et une reprise de la
mélodie clôt le morceau. Habituel, le thème, les chorus, le thème.
Pourtant, quelque chose perturbe ce rouage rodé : les solos
sont extrêmement longs, grands espaces de liberté dans un paysage
simple, moments étendus pour broder en dentelle ou en découdre en
puissance. Et tel un tableau ou une sculpture qui naîtrait devant le
public, le groupe joue des couleurs et des textures de chaque
instrument : il dessine « Les là-bas » et les
humains qui les peuplent, « Sand Woman », « Hungry
Man » et l’Indien Micmac du Canada. Au-delà des chorus, les
instrumentistes interagissent entre eux, dialoguent et éclairent des
images complexes. Puis ensemble ils jouent « Amir », un
morceau composé et joué en contrebasse solo par Henri Texier dans
les années 1970. Ils arrivent à l’intime, à la spiritualité et
au corps, au gré de la sobre clarinette, du duveté du sax baryton
et de l’exacte délicatesse de la guitare ; ils arrivent à
l’essence, à deux notes jouées sur une contrebasse, qui
suspendent le temps et l’espace. Après un court dialogue avec le
contrebassiste, le batteur se dévoile, longtemps, puissamment.
« Quand tout s’arrête », le temps d’un rappel,
plusieurs centaines de personnes voyagent aux là-bas de la beauté.
Henri
Texier, contrebasse ; Sébastien Texier, saxophones et
clarinettes ; François Corneloup, saxophone baryton ; Manu
Codjia, guitare ; Gautier Garrigue, batterie
Marie-Françoise
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