31 juillet 2019

Babel selon le quartet d'Andreas Schaerer


Alors que s’effacent doucement des mémoires les trépidances de Three Days of Forest, un long duo accordéon tambourin accueille l’attention des spectateurs et l’agilité vocale du chanteur et beatboxer Andreas Schaerer. Venu de Suisse avec un quartet on ne peut plus cosmopolite, avec un batteur étatsunien, un accordéoniste italien et un guitariste finlandais, Andreas Schaerer déploie sa voix, instrument vocal funambule, rapide, agile, fuyant vers les aigus ou déployant une mélodie charnelle. Des chants expressifs, sans paroles pourtant, explorent par le texte musique un lyrisme tendre. L’accordéon italien bourdonne de longues phrases puis la voix se fait trombone en sons étirés et vibrés. Ensuite les langues échappées de Babel, l’italien, le finnois, l’anglais et d’autres plus secrètes se fondent dans les performances du beatboxer. Les longs morceaux servent d’écrins aux solos. Des dialogues s’instaurent, les instruments s’interpellent, pour se convaincre, pour se séduire. Le grand tambourin, sans doute un kanjira, se tend vers le ciel ; les doigts sonnent sur la peau dans une incantation envoûtante. Obsédant,le rythme accélère alors qu’une voix grave module un air sensuel, puissant. Le son est au cœur du concert, recherche d’une infinité d’intensités, de tessitures, de résonances, d’associations, de mélanges. Si le groupe joue dans une très grande cohésion, les dialogues poussent chacun à explorer les recoins les plus secrets des mélodies. La performance vocale d’Andreas Schaerer éblouit : sons de gorge et claps de bouche naissent ensemble d’une même vibration humaine. Plusieurs morceaux du guitariste amènent le rock et les effluves de l’Afrique sonore au panorama babélien. Pour le rappel, un yodl autrichien conduit plus loin, toujours plus loin dans la quête infinie des sons et de la poésie. Les spectateurs se lèvent et saluent les musiciens en standing ovation.
Andreas Schaerer quartet, « A Novel of Anomaly »
Andreas Schaerer, voix ; Luciano Bondini, accordéon ; Kalle Kalima, guitare ; Jarrod Cagwin, batterie et percussions
Marie-Françoise - photo Jean-Claude Elisas

1 Comments:

Blogger Unknown said...

Les souvenirs s'effritent

21:31  

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