Babel selon le quartet d'Andreas Schaerer
Alors
que s’effacent doucement des mémoires les trépidances de Three
Days of Forest, un long duo accordéon tambourin accueille
l’attention des spectateurs et l’agilité vocale du chanteur et
beatboxer Andreas Schaerer. Venu de Suisse avec un quartet on ne peut
plus cosmopolite, avec un batteur étatsunien, un accordéoniste
italien et un guitariste finlandais, Andreas Schaerer déploie sa
voix, instrument vocal funambule, rapide, agile, fuyant vers les
aigus ou déployant une mélodie charnelle. Des chants expressifs,
sans paroles pourtant, explorent par le texte musique un lyrisme
tendre. L’accordéon italien bourdonne de longues phrases puis la
voix se fait trombone en sons étirés et vibrés. Ensuite les
langues échappées de Babel, l’italien, le finnois, l’anglais et
d’autres plus secrètes se fondent dans les performances du
beatboxer. Les longs morceaux servent d’écrins aux solos. Des
dialogues s’instaurent, les instruments s’interpellent, pour se
convaincre, pour se séduire. Le grand tambourin, sans doute un
kanjira, se tend vers le ciel ; les doigts sonnent sur la peau
dans une incantation envoûtante. Obsédant,le rythme accélère
alors qu’une voix grave module un air sensuel, puissant. Le son est
au cœur du concert,
recherche d’une infinité d’intensités, de tessitures, de
résonances, d’associations, de mélanges. Si le groupe joue dans
une très grande cohésion, les dialogues poussent chacun à explorer
les recoins les plus secrets des mélodies. La performance vocale
d’Andreas Schaerer éblouit : sons de gorge et claps de bouche
naissent ensemble d’une même vibration humaine. Plusieurs morceaux
du guitariste amènent le rock et les effluves de l’Afrique sonore
au panorama babélien. Pour le rappel, un yodl autrichien conduit
plus loin, toujours plus loin dans la quête infinie des sons et de
la poésie. Les spectateurs se lèvent et saluent les musiciens en
standing ovation.
Andreas
Schaerer quartet, « A Novel of Anomaly »
Andreas
Schaerer, voix ; Luciano Bondini, accordéon ; Kalle
Kalima, guitare ; Jarrod Cagwin, batterie et percussions
Marie-Françoise - photo Jean-Claude Elisas
1 Comments:
Les souvenirs s'effritent
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