Avishai Cohn trio, l'apothéose
Sous
le ballet des hirondelles, au centre de la scène, Avishai Cohen
empoigne sa contrebasse. Il attend. Dans le silence de la curiosité
bienveillante de spectateurs déjà sous le charme, le piano expose
une petite mélodie, rejoint délicatement par la batterie. Alors la
contrebasse entre dans la musique : l’homme fait corps avec la
caisse arrondie au bois presque rouge, il danse avec elle,
l’enveloppe, la secoue, la contourne, la berce, la tapote, la
caresse, l’exhorte, la regarde dans l’expectative, lui sourit.
Parfois, l’archet glisse avec force sur les cordes. Ensemble, ils
trouvent dans des chants inspirés des traditions de l’est et
d’Israël la source des mélodies. Des phrases menues, presque des
refrains ou des berceuses enfantines, jaillissent du piano et de la
batterie. Comme L’Art poétique de Verlaine, celui d’Avishai
Cohen préfère l’impair : 5, 7, 9 temps alternent et se
combinent créant une musique unique. C’est fini, on n’a pas vu
le temps passer. Non, impossible, le contrebassiste invite le public
à se coller à la scène : le trio joue deux autres morceaux.
La cohésion avec le public est palpable, on ne peut pas se quitter
ainsi. Il revient, seul et chante les poignants Alfonsina y el mar et
Sometimes I Feel Like a Motherless Child. Tout est à l’unisson de
ces chants puissants.
Avishai
Cohen, contrebasse ; Elchon Shirinov, piano ; Noam David,
batterie
Marie-Françoise
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