31 juillet 2019

Avishai Cohn trio, l'apothéose


Sous le ballet des hirondelles, au centre de la scène, Avishai Cohen empoigne sa contrebasse. Il attend. Dans le silence de la curiosité bienveillante de spectateurs déjà sous le charme, le piano expose une petite mélodie, rejoint délicatement par la batterie. Alors la contrebasse entre dans la musique : l’homme fait corps avec la caisse arrondie au bois presque rouge, il danse avec elle, l’enveloppe, la secoue, la contourne, la berce, la tapote, la caresse, l’exhorte, la regarde dans l’expectative, lui sourit. Parfois, l’archet glisse avec force sur les cordes. Ensemble, ils trouvent dans des chants inspirés des traditions de l’est et d’Israël la source des mélodies. Des phrases menues, presque des refrains ou des berceuses enfantines, jaillissent du piano et de la batterie. Comme L’Art poétique de Verlaine, celui d’Avishai Cohen préfère l’impair : 5, 7, 9 temps alternent et se combinent créant une musique unique. C’est fini, on n’a pas vu le temps passer. Non, impossible, le contrebassiste invite le public à se coller à la scène : le trio joue deux autres morceaux. La cohésion avec le public est palpable, on ne peut pas se quitter ainsi. Il revient, seul et chante les poignants Alfonsina y el mar et Sometimes I Feel Like a Motherless Child. Tout est à l’unisson de ces chants puissants.
Avishai Cohen, contrebasse ; Elchon Shirinov, piano ; Noam David, batterie
Marie-Françoise