Le jazz dans le viseur
Je me souviens des nacrées soirées de 1990 à Tulle, c’était
la 3e édition, Richard Galliano alors directeur artistique s’y
produisait le 21 septembre avec Sylvain Beuf, Yves Torchinsky et Thierry Arpino.
En 91, toujours du jazz, Gianni Coscia l’italien, Yosuhiro Kobayashi le
japonais puis en 92 je découvre Daniel Mille, lui consacre un article dans Jazz
Hot et Richard invite Michel Portal. Le 16 septembre 1993, Marcel Azzola et
deux jours après la découverte d’Antonello Salis … le jazz et l’accordéon.
Depuis, bien d’autres accordéonistes de jazz se sont produits aux Nuits de nacre.
L’accordéon est bien un instrument du
jazz, se souvient-on de Joe « Cornell » Smelser, cet
accordéoniste hongrois embauché par Duke Ellington en 1930 pour jouer Accordéon Joe sur un disque noir dégoté
aux puces de Bordeaux place des Quinconces au début des années 70.
A Souillac, Richard s’est produit à plusieurs reprises et a
même animé un stage en 1985, Michel Macias, Christian Toucas, Grégory Daltin, l’américain
Peter Soave vu avec James Carter et Vincent Peirani n’ont pas fait que brasser
de l’air avec leur soufflet, ils ont égayé les nuits de Souillac avec leurs
boutons de nacre.
Vendredi 18 septembre dernier, le quai devant le théâtre est
bondé de monde, on attend François Hollande qui vient écouter David Venitucci,
je pousse un peu plus loin vers le Musée du Cloître de Tulle,
j’ai rendez-vous avec la musicologue Anne Legrand, elle a bâti l’exposition Gus Viseur 1915-1974. Karine Lhomme
attachée de conservation nous attend. Avec nous pour cette visite guidée Josette Baselli, fille de Gus Viseur et Pascal Baselli,
petit-fils du premier accordéoniste de jazz dont on célèbre le centenaire de la
naissance. C’est magique et découvrir ces documents commentés par la fille de
cette figure emblématique des années 30-40 me fait swinguer de plaisir.
L’exposition
est à voir jusqu’au 31 octobre 2015. Les photos de l’exposition
sont en partie dans Accordéon & accordéonistes de
septembre avec le maître en couverture.
Après le privilège de dîner avec « la famille » et
Anne : un concert hommage, il y a là Dominique Cravic, un primitif du
futur avec Mathilde Febrer au violon, Jean-Philiipe Viret à la contrebasse et
Daniel Colin à la boîte à frissons. Le spectacle est intitulé Gus vs Tony … Murena bien sûr. Toutes les compositions phares
nous éclairent de Swing valse à la fameuse Flambée montalbanaise qui fait débat
après le concert sur l’origine de cette flambée. En cours de concert Christophe
Lampidecchia, qui vient de signer un album hommage à Tatave avec Christian Escoudé,
Diego Imbert et Minino Garay et Pascal Baselli à la batterie se joignent au
quartet. On est passé de Swing 39 à Swing 2015 !
Il fallait une bonne nuit pour retrouver la famille Viseur /
Baselli, Anne Legrand, Richard Galliano et Marcel Loeffler pour une table-ronde sur l’esthétique des années 30/40 devant un public
attentif et intéressé parmi lequel Claude Cavagnolo. Marcel nous a confié qu’il
avait appelé Mandino Reinhardt la veille en lui racontant qu’il avait joué à l’exposition
sur l’accordéon de Gus Viseur de chez Maugein et que le guitariste de jazz
manouche, ému, pleurait au téléphone. Il fut aussi question de la formation des
jeunes, tant en allant au concert qu’avec la création de classes dédiées en
école de musique ou conservatoire.
Belle édition concoctée par Sébastien
Farge, directeur artistique vu aussi à Souillac avec nos amis de l’orgue
de l’église Sainte-Marie de Souillac en 2010.
Robert Peyrillou
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