Au micro : Jerry Leonide
Le jeune pianiste mauricien
Jerry Leonide viendra le vendredi 24 juillet livrer le subtil parfum de la
musique créole dans un jazz puissant au swing dominant, qui caractérise sa
musique très personnelle. Seul au piano, il nous fera chalouper sur les crêtes
de vagues multiples, venues d’un pays aux nombreuses influences ethniques et
musicales. Nous avons pu lui poser quelques questions.
Tout
d’abord, j’aimerais que vous racontiez votre parcours, qui vous conduit de
l’Ile Maurice (où se trouve également Souillac) à Souillac (Lot) ou plus sérieusement
et plus généralement comment vous êtes arrivé au jazz et à Paris.
Quand j'ai commencé le piano à 7
ans, j'ai fait un peu de musique classique, chose que j'ai vite laissée car
j'étais naturellement attiré par l'improvisation. J'ai joué mon premier
standard de Jazz à l'âge de 9 ans et là j'ai compris que c’était cette
musique que je voulais jouer. À l'âge de 17 ans, après avoir été
longtemps autodidacte, j’ai décidé de partir pour Paris afin d'étudier la
musique plus sérieusement.
Comment êtes-vous arrivé au concours de Montreux ?
Comment êtes-vous arrivé au concours de Montreux ?
C’est intervenu à un moment de
ma vie où j'étais dans un travail très approfondi de l'instrument et je
cherchais de nouveaux défis. Pour le concours, il fallait proposer des
arrangements de standards très connus ainsi que des compositions personnelles.
C'était un bon moyen. Je travaille mieux quand j'ai un objectif
à atteindre et donc je me suis inscrit.
Quelles sont vos inspirations ?
Quelles sont vos inspirations ?
Les gens, des lieux. L'album
" The Key " est né après un voyage à l’île Maurice, après
une absence de plus de quatre ans ; sans voir ma famille ni fouler la
terre qui m'a vu naître. À mon arrivée, j'ai été submergé par des
sentiments très forts. Je découvrais à nouveau la beauté de mon île, sa
musique, sa culture et aussi les retrouvailles avec toutes les
personnes qui comptent pour moi. Je me suis assis au piano, et la musique
de ce disque est venue à moi, comme un processus d'analogie. Des images et des
souvenirs viennent les mélodies.
Quand on vous voit jouer du piano, on est frappé par votre engagement physique. Pourriez-vous qualifier votre rapport à l’instrument ?
Quand on vous voit jouer du piano, on est frappé par votre engagement physique. Pourriez-vous qualifier votre rapport à l’instrument ?
Le
piano est un instrument complet avec des capacités à produire un registre de
sons quasi-infini. Ce qui crée un rapport physique à l'instrument, ce sont les
touches qui sont reliées aux cordes et à mon sens, plus vous mettez de
l'expression, plus vous obtenez le sons recherchés.
Pour en revenir à l’Ile Maurice, quelle est la place du jazz sur l’île ? quels sont les musiciens joués ? appréciés ? Quelles sont les musiques qui constituent votre univers ?
Pour en revenir à l’Ile Maurice, quelle est la place du jazz sur l’île ? quels sont les musiciens joués ? appréciés ? Quelles sont les musiques qui constituent votre univers ?
Le Jazz à l’île Maurice a une
longue histoire. En tout cas comparativement à d'autres pays d'Afrique, on a
une culture de cette musique qui est très évoluée, et nous avons aussi un
public qui aime le Jazz. Le pays possède une multitude de
petites scènes où ça joue tous les soirs avec au programme des
standards de Jazz, fusion, funk etc. Un peu comme les clubs de la rue des
Lombards à Paris. J'aime
écouter tous types de musique, du classique en passant bien sûr par
le Jazz jusqu'aux chants polyphoniques des pygmées d'Afrique Centrale.
Vous
composez et vous improvisez. Pouvez-vous nous parler de ces deux pôles qui vous
habitent ? L'improvisation
fait partie intégrante du Jazz. Elle est une suite de ce que représente la
composition qui est jouée. En tout cas, c'est comme ça que je l'envisage. Comme
de l'écriture libre mais éphémère autour d'un sujet donné.
Chaque morceau écrit véhicule un sentiment et ce sentiment est prolongé par
l'improvisation.
Vous avez
sorti un album The Key en quintet. Comment avez-vous constitué cette
formation ? Il est très différent d’écrire pour jouer seul et de composer
pour un quintet. Pouvez-nous nous parler de votre écriture de la musique ?
La rythmique de mon disque est
composée de deux mauriciens, cela coulait de source. Pour faire un hommage à la
musique mauricienne, il faut des Mauriciens. Puis pour apporter une ouverture, j'ai décidé d'appeler deux soufflants
non-mauriciens. Je suis assez content du résultat car ils ont
su s’intégrer dans cette musique tout en apportant leurs touches
personnelles. L'écriture, à mon sens, est une constante. L'orchestration
et l'arrangement déterminent la forme de la musique mais pas son contenu. Quand
je compose, je suis tout seul avec mon piano. J'imagine la finalité de ma
musique mais ce que je suis en train d'écrire doit me plaire d'emblée pour
avoir le stimulus de continuer.
On
vous entend peu dans les festivals (seuls Montreux et nous), pourquoi ?
Je suis une nouvelle voix dans
le paysage du Jazz. Je mets un peu de temps à me faire entendre. Les
promoteurs attendent aussi de voir comment ma musique sera accueillie par le
public, qui, j'en suis conscient, est très atypique. Le très bon accueil de la
presse spécialisée concernant le disque laisse augurer de bonnes choses pour la
saison 2015-2016, en tout cas je l’espère ! Et puis, il m'a fallu du temps
pour trouver les gens qui m’épaulent dans cette aventure, par
exemple, Je pense à mon label ACT music qui fait un travail formidable.
À Souillac, la scène est installée en
extérieur (si le temps le permet) devant une majestueuse abbaye romane à
coupoles. Est-ce que le cadre dans lequel vous jouez vous influence, vous
inspire ?
Oui
, je pense à des facteurs comme la beauté du site, la luminosité, la proximité
avec le public etc. tout ça peut influencer la façon d'aborder un morceau et
donc changer le concert. C'est comme jouer dans un club de Jazz au troisième
sous-sol. D'ailleurs votre description du site me donne envie d'y être.
Question
subsidiaire :
pourquoi votre site est-il en anglais ?
On me fait souvent la remarque. Les
raisons sont assez simples. Le label ACT est basé en Allemagne et tout mon
support est en anglais. Le webmaster est américain et donc il ne peut pas faire
les traductions. Du coup il fallait faire un choix, et l'anglais étant
quand même la langue officielle du Jazz ( et de l'ile Maurice )
interview réalisée par Marie-Françoise Govin - photo DR
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