03 mars 2008

L'orgue Hammond


Le pianiste Baptiste Trotignon a choisi l’orgue Hammond pour le concert « Trouble Shootin’ », le vendredi 18 juillet place Pierre Betz à Souillac. Cet instrument ne quittera pas les lieux du festival puisque c’est en sa compagnie que l’organiste Charles Balayer donnera à son tour une « heure d’orgue » dans le cloître le dimanche à 18h. De quoi attiser la curiosité sur cet instrument.
L’Américain Laurens Hammond (1895-1973) inventa en 1934 l’orgue qui porte son nom. Horloger passionné de technologie et de mécanique, il a dirigé la plus importante industrie de fabrication d’horloges électriques aux Etats-Unis. C’est un moteur d’horloge qu’il eut l’idée d’utiliser pour faire tourner les roues phoniques de l’orgue Hammond, sans tuyaux, moins cher et moins encombrant que les orgues classiques. Cet instrument se compose de deux claviers de soixante et une touches et un pédalier de vingt-cinq notes. L’instrument d'origine, le modèle A, était construit autour d'un moteur synchrone entraînant une mécanique complexe de génération des sons par roues phoniques. Un astucieux système de tirettes (drawbars) servait à composer les sons en superposant des sonorités de flûtes à plusieurs octaves ou de façon décalée, avec différentes intensités, de manière à recréer les sons brillants ou veloutés des orgues à tuyaux. Un second générateur permettait d'obtenir des vibratos inimitables. Le modèle B-3 est l'évolution ultime du modèle A. C'est un instrument largement plus élaboré, équipé d'une électronique à tube plus moderne, de percussions harmoniques et de vibratos et chorus.
Dans les églises noires, il accompagna les chants Gospel puis le jazz s’en est emparé. Il fut utilisé sur la plupart des scènes de variétés avec un grand succès. Aujourd’hui fabriqué par Suzuki, il répond parfaitement aux critères et aux impératifs de la musique de jazz par la possibilité d'en adopter le rythme, les ponctualités, fortes et doucereuses, mais également les tempi en même temps qu'une certaine onctuosité ou phrasé tout à fait caractéristique de cet instrument.
Le Conservatoire de Brive en a fait l’acquisition afin d’offrir des cours d’orgue Hammond (enseignement rare en France). Supplanté par des instruments électroniques et synthétique, il reste apprécié pour ses sonorités, sa réactivité, sa sensibilité et sa très grande potentialité.
L'orgue Hammond sera en vedette à La Cité de la Musique à Paris le samedi 15 mars. Jimmy Smith fut le premier à le sortir des églises baptistes, où cet instrument servait à accompagner les choeurs gospel, pour l'amener vers le jazz. Emmanuel Bex, Rhoda Scott et Benoît Sourisse donneront un premier concert l'après-midi, après avoir animé une table ronde consacrée à cet instrument. En soirée, trois vénérables serviteurs du Hammond-B3, Reuben Wilson (considéré comme l'un des pères de l'acid-jazz), Lonnie Liston Smith (une figure du jazz psychédélique des années 70) et Joey de Francesco, leur digne héritier, seront réunis sur scène.
Cet été, nous tendrons l’oreille pour découvrir la pratique personnelle de Baptiste Trotignon, que nous connaissons en piano solo, de cet instrument et nous partagerons avec Charles Balayer une heure d’orgue jazz.
Marie-Françoise