15 octobre 2007

Une si belle heure


Jazz sur son 31, festival de jazz, Haute-Garonne.

Une heure avec Jean-Michel Pilc, mercredi 10 octobre, Automne Club, Toulouse.

Les premières minutes vocales du concert sont déconcertantes mais c’est pourtant la voix de Magalie Pietri qui va donner sa consistance à la magnifique heure avec Jean-Michel Pilc : ce sera exigeant, corporel, charnel, humain. L’harmonica de Olivier Ker Ourio apporte rapidement sa touche mélodique ; ce sera donc aussi mélodique. Les morceaux se succèdent dans la diversité : à quelques anciennes compositions, Jean-Michel Pilc ajoute une variation complexe sur deux Gerschwin et des morceaux très récents (« d’il y a quelques jours »). On touche ainsi avec curiosité l’évolution de sa pensée musicale et de son travail. Construits sur de petites phrases répétées, les morceaux se développent selon la fantaisie de chaque musicien. Plus que des solos, les interventions des musiciens racontent des histoires, chacun un épisode ou une variante d’un ensemble, alors que le piano déroule son fil têtu. Magalie Pietri est ovationnée – « je crois qu’il y a du favoritisme », sourit Pilc –. Son jeu, son chant sont captivants, tout son être est là, vibrant dans sa robe rouge, rayonnant, matérialisé autour de la musique. Les face à face frappants harmonica / percussions, percussions / piano, piano / harmonica rendent palpable la construction brique par brique du moment musical. La complicité et le plaisir de jouer des deux compères se teintent de sourire et d’humour. Périodes ludiques.
Il ne faut pas croire que, parce que Magalie Pietri rayonne, les autres musiciens sont en retrait. Le jeu subtil de l’harmonica d’Olivier Ker Ourio s’insinue et nous charme. Si petit et si près de la bouche, l’instrument adhère au musicien qui nous emmène dans des rêves et ainsi offre un écrin à la voix.
Quant à Guillaume Kervel, il n’abuse jamais de ses étranges instruments qui glissent leurs sons et leurs résonances puis il se démène, ses bras parcourent les steel drums et les tambours, il danse et chante.
Pilc est là, tout le temps, - en leader discret -, ses mains courent sur le clavier ou font claquer les cordes dans la caisse. D’harmonique, il devient percussion selon les besoins. Pilc raconte aussi, prend la parole et dialogue. La recherche exigeante de ses compositions, son parti pris exploratoire ouvrent un panorama qui tient les spectateurs en haleine. Enfin le pianiste nous promet une surprise. Rosario Giuliani et son saxophone rejoignent la formation pour un époustouflant rappel.


Marie-Françoise

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