06 avril 2008

Quand un sax prend une vielle à roue pour voyager!

Il est 20 h à Labastide Murat, le nouveau conseiller général de 22 ans serre encore des mains, nous sommes « sous » la mairie, ça ressemble à une salle des années 50. Quel âge a le jazz ? et la musique traditionnelle ? Où sont les jeunes de l’école de musique ? Ils ne sont pas au « Diapason » ce samedi 5 avril 2008. Ils ont cru que le poisson du début de semaine n’était plus frais ! Pourtant on en apprend à écouter Jean Marc Padovani parler du Duke et de Caravan, de Mingus et de ses castagnettes, de Miles Davis, Gil Evans et leur Sketches of Spain…. Ce soir, ce n’est pas une première, vous le savez, ce duo a été créé à Souillac en 2005 un soir où Alain Gibert l’arfiste rencontrait André Ricros le cabrettaire. Mais pour la cinquantaine de personnes présente et captivée, c’était bien une première que d’entendre les 2 musiciens se raconter des histoires, en rire, surenche-rire…Le deuxième, c’est Gilles Chabenat vielliste, autrement dit joueur de vielle à roue. Leurs histoires, c’est celles d’Ecce Mundus un traditionnel arrangé par le saxophoniste, puis d’Une cavale, Soléart ou des thèmes tirés de l’Arrosoir et le Mirliton d’après des collectages d’Achille Millien dans le nivernais, on pénètre avec eux dans le Jardin des orties cher à George Sand. C’est ça le jazz chez nous, c’est l’improvisation à partir de matériaux que sont les thèmes du répertoire du patrimoine de notre terroir. Et notre terroir ce sont les histoires orales de nos ancêtres, des ancêtres des spectateurs subjugués un soir au cœur du pays des moutons mais aussi des carpes saxophones et des lapins vielles à roue. Il ne manquait que la cheminée au coin du feu des projecteurs.
Robert Peyrillou
photo RP

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03 avril 2008

Campagne napoléonienne pour le duo Padovani Chabenat





Entretien avec Jean-Marc Padovani, saxophoniste, et Gilles Chabenat, vielliste,
Toulouse, mai 2005, paru dans la Jazzette n°42, 21 juillet 2005

Associer le saxophone et un instrument traditionnel paraît surprenant, vous ne trouvez pas ?G.C. : la vielle à roue n’est pas un instrument traditionnel, elle est utilisée dans les musiques traditionnelles mais c’est un aspect très réducteur de son histoire. Cet instrument existe depuis l’Antiquité, a traversé le Moyen Age, l’époque baroque et n’a été associé aux musiques traditionnelles qu’à la fin du 19e siècle. Voilà pour la première partie de la question.Pour ce qui est de la surprise, c’est un instrument surprenant en jazz et il y a très peu de vielliste dans le jazz. Cela tient à une grande complexité technique et en particulier à des questions de lecture : les techniques instrumentales sont à réinventer. Le clavier est très compliqué et ne réagit pas comme celui d’un piano.
Donc un instrument complexe mais qui offre beaucoup de possibilités ?
G.C. : c’est un instrument chromatique, qui a donc beaucoup de tonalités et qui peut produire des sons à l’infini.
Quelles sont donc les particularités de la vielle à roue en jazz ?
G.C. : c’est un instrument qu’on n’attend pas, à cause justement de sa popularité en musique traditionnelle. J’ai trouvé un son original, proche du violoncelle. Mon instrument est ultra moderne. Mon luthier me fabrique une vielle ergonomique, qui a cependant l’aspect d’un instrument ancien.
Et avec le saxophone ?
G.C. : la musique de Jean-Marc est chatoyante, généreuse, construite sur une écriture. Il y a donc rencontre car une fusion entre saxophone et vielle est improbable. De la rencontre naît la surprise. Un matériel thématique sur lequel se greffe alors l’improvisation.
J.-M.P. : on ne peut pas dire qu’il y a un instrument qui accompagne l’autre, il s’agit d’interactions. Les deux instruments qui se mélangent créent un troisième avec sa texture propre. C’est passionnant de construire avec un instrument au passé aussi riche et divers.
G.C. : Jean-Marc aime jouer avec les effets et ceux qui apparaissent dans la rencontre entre vielle et saxophone sont surprenants. Cet instrument qui a traversé les époques ne demande qu’à évoluer et son époque jazzistique lui offre une nouvelle voie.
Ils seront samedi 5 avril à Labastide Murat dans le Lot à 21h. Renseignements 06 70 95 57 30
A 20 h ils débattront sur le jazz salle multimédia toujours à Labastide Murat (qu'on se le dise! roulement de tambour de grognard)

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