Longue vie au vivace vivier de musiciens
Trente de Music'Halle
L’école toulousaine
Music’Halle a trente ans et le fête. Deux événements en mai, « Viva Cités
& Passe Ports » constituent le troisième acte et seront suivis
d’autres événements tout aussi festifs et … musicaux, au début de l’été et en
automne.
Mercredi 3 mai, j’ai assisté à trois concerts « ViVa
CiTés » et j’ai été secouée et enchantée. Aujourd’hui j’ai envie de
dévoiler toutes les surprises de cette soirée.
Sur la scène de l’Atelier du
théâtre Garonne, un jeune homme assis emploie ses doigts à débusquer les
phrases sonnantes, vives, nerveuses, de sa guitare flamenca. Une femme à l’enveloppante
chevelure blanche chante debout. Sans micro. On devine à quelques notes les
mélodies de chansons qui parlent du temps qui passe, avec lequel oui tout s’en
va et qui ne se rattrape pas. Elle ne regrette rien, Michèle Zinni, elle fouille
les mots et les mélodies et débusque à son tour ce que nous, qui connaissons
ces chansons depuis toujours, n’y avions jamais vu, jamais entendu. Et de ces
chansons mélancoliques, elle déclenche les rires, d’abord hésitants puis sans
réserve, du public. Une performance ! Ensuite, sous l’inspiration de la
guitare arrive Carmen, avec humour et émotion. Michèle nous dira à la fin
qu’elle a eu envie de chanter ces airs, et que c’est la première fois. Et elle
terminera sur un chant corse, d’une très grande beauté. Trois moments sans
concession, où nous avons ri et presque pleuré.
« Il n’y a pas de
pause » quand Denis Badault et Bastien Andrieu prennent les manettes des
claviers et autres machines. Sons intrigants, suspense, que va-t-il se
passer ? Eric Lareine se glisse dans cette musique avec des mots
frémissants ou explosants et construit peu à peu un paysage déroutant, celui de
rêves où perce un réel inquiétant et mélodieux. Face à lui, Magyd Cherfi
raconte, c’est là son métier et son art. Se raconte, différent. Lui qui
s’assied sur un banc pour lire essuie les taloches, repoussé par sa communauté.
Les mots sont là, tiennent bon, le tiennent et le maintiennent. Eric Lareine y
insinue ses propres histoires. Ils termineront par une ode à l’église
Saint-Sernin et son marché aux puces du dimanche matin, dieu et diable côte à
côte et on ne sait pas bien lequel est le démon, lequel est le divin. Sur une
musique d’église quelque peu perturbée, ils confessent de conserve qu’ils ne
croient qu’en l’Homme. Tous les quatre jouent entre eux, jouent des sons,
jouent des mots ; la musique s’improvise, de surprise de surprise et
colore de rêve la partition verbale.
À ces deux premiers concerts, je ferais bien un
reproche : pourquoi s’arrêter ? On est si bien avec vous.
Troisième mouvement :
face à nous une estrade avec quatre guitaristes assis, à leur gauche un beat
boxer et un saxophoniste tous deux munis de machines, à leur droite un
guitariste et un claviériste. C’est le guitarkestra. Une mise en scène décalée pour
un grand moment de pleine musique, dans lequel je m’installe avec délectation.
Menée par le guitariste Lone Kent, la formation installe son univers, qui
combine l’électro et le guitare-héros, les effets du beat boxeur et les mots du
poète, les envolées longues et mélodieuses et le rock âpre et remuant, un
univers contenu par un flux de musique répétitive qui permet toutes les audaces
et extravagances. Je les vois très concentrés, très attentifs, de chacun à
chacun, et je me détends, laissant les flots de sons se glisser dans mes rêves.
Eric Lareine apparaît et offre un long dialogue avec le beat boxeur David
Dutech qui plus tard s’assiéra au cajon, pour un moment de percussions
endiablé. Des pointes d’humour, ils en rient. Des toms, des cymbales, des
pédales arrivent sur scène et comme par enchantement un batteur se lance dans
la bagarre. Énergie communicative.
Plus que bon anniversaire, je
souhaite longue vie à Music’Halle, vivier vivace d’artistes qui irriguent nos
vies - et nos festivals - de musiques, de poésie et de rêves.
Marie-Françoise
Mercredi 3 mai, 30 ans de
Music’Halle, théâtre Garonne, Toulouse
Duo : Michèle Zini – chant et Olivier Vayre – guitare
Deux claviers,
deux voix : Denis
Badault –
piano, Bastien
Andrieu –
clavier, machines, Eric
Lareine –
chant, Magyd
Cherfi –
conteur
Guitarkestra meets
the Post-Rock-Electro band : David Dutech – beatbox, cajon, David Haudrechy – clavier, sax soprano, Thomas Terrien – machines, piano, Lone Kent – guitare baryton
http://www.music-halle.com/
1 Comments:
J'adore la guitare Baryton de Lone Kent. C'est un instrument de musique que l'on n'a pas si souvent l'occasion d'écouter
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