27 mai 2011

Pulcinella, quatre jongleurs de jazz

Pulcinella: l’intitulé est déjà tout un programme. D’ailleurs le quartet toulousain revendique haut et fort une patte de saltimbanque. Que trois d’entre eux, Ferdinand Doumerc, Florian Demonsant et Jean-Marc Serpin adoptent quelquefois des postures volontairement bouffonnes y contribuent. Mais, fort heureusement, ce n’est pas ceci qui explique cela. Ça tient avant tout à la musique qu’ils proposent. Et c’est là que commencent les difficultés… Comment en effet décrire l’univers musical de Pulcinella? Peut-être en avançant la figure de Ferdinand Doumerc, saxophoniste qui occupe le milieu de la scène et fait office de proue, ses instruments, avec lui, en évidence? Peut-être faut-il aussi revenir au cirque à propos duquel ils écrivent qu’ils en sont "des musiciens, [...] privés de chapiteau, [qui] décident de faire entendre leur cirque sans les quilles, les ours et les cerceaux!"? Et c’est bien là le point d’achoppement: un cirque sans lion? Sans clown? Sans équilibriste? Et… sans chapiteau?! En fait, c’est sous la forme de la suggestion qu’ils réussissent brillamment ce pont entre les arts. La musique est bariolée, populaire, colorée, narrative. Elle est suffisamment dansante pour que nous respirions avec eux et suffisamment étonnante pour que cette respiration soit haletante. Pas de pas de danse donc mais on est à deux doigts. La suggestion est également stylistique ou, mieux encore et bien que le terme ne me plaise guère, culturelle: elle est tango mais n’y ressemble pas; elle est rock sans en être. Elle suggère ces univers en en mélangeant des bribes. Tout est fait de touches mélodiques, rythmiques, d’éléments latents, de discrètes phrases et de sons qui rappellent l’un et qui, l’instant d’après, évoquent l’autre. Un cirque sans clown donc car loin de moi l’idée de joyeux drilles; un cirque également sans lion bien que les instruments puissent rugir. En revanche, c’est un cirque avec quatre équilibristes et, sur le fil de l’accordéon de Florian Demonsant, tournent et retournent les saxs de Ferdinand Doumerc, la contrebasse de Jean-Marc Serpin ainsi que la batterie de Frédéric Cavallin. Plus discret, car assis à l’arrière de la scène et masqué par son instrument, le batteur initia, au vibraphone et en fin de concert, un très envoûtant «Morphée», pour tirer le rideau de la Dynamo. Sur cette dernière note, on les imaginait se débarrassant d’un maquillage inexistant, à l’instar des professionnels qu’ils sont.

Gilles

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