25 juillet 2010
24 juillet 2010
Jazzette varoise
Voici la Jazzette #83
A ce soir pour les concerts Stefano Bollani Solo et Enrico Rava Quartet !
A ce soir pour les concerts Stefano Bollani Solo et Enrico Rava Quartet !
Libellés : jazzette
23 juillet 2010
22 juillet 2010
Concert de NGuyên Lê
En raison des mauvaises prévisions météo, le concert de NGuyên Lê "Saiyuki" aura lieu ce soir au Palais des Congrès.
Des fléchages seront mis en place.
A ce soir !
Des fléchages seront mis en place.
A ce soir !
21 juillet 2010
Cette parfaite harmonie
Entretien avec Enrico Rava, 20 juillet 2010
A propos de votre formation, on parle souvent de la rencontre créatrice entre votre musique, au son si reconnaissable, et les jaillissements et débordements des jeunes musiciens, entre votre lyrisme et leur imaginaire. Cependant, je veux croire que leur lyrisme rencontre votre imaginaire et leur fougue votre énergie. Pouvez-vous nous parler de ces rencontres ?
Je dois dire que je ne choisis pas les musiciens avec qui je vais jouer sur la base de leur âge. Je m’associe avec des musiciens avec lesquels je partage plus ou moins la même vision. C’est un pur hasard si la plupart des musiciens avec lesquels je joue sont beaucoup plus jeunes que moi. Il faut dire que souvent les musiciens de mon âge se cristallisent sur leur meilleure période. Je pense que je reçois beaucoup des musiciens avec qui je joue, qu’ils soient jeunes ou vieux, et de mon côté j’essaie de donner.
Il y a quelque chose qui vous plaît dans l’enthousiasme et l’énergie d’un jeune musicien qui débute ?
Bien sûr la volonté des jeunes de se faire une place est importante, mais je ne pense pas qu’il s’agit d’une caractéristique… le désir n’est pas une caractéristique inhérente à l’âge. Moi j’ai 71 ans et j’ai le même enthousiasme et le même désir que quand j’en avais 16. Il y a des personnes qui n’ont aucun désir à vingt ans ; il y a des personnes qui naissent vieilles et d’autres qui meurent jeunes.
Robert Peyrillou, président de Souillac-en-jazz, dans son éditorial, salue votre son, toujours plus beau et plus émouvant, reconnaissable dès qu’on l’a entendu. J’aimerais que vous nous parliez de votre travail à la trompette, quelle quête vous a conduit à ce son ?
Je crois que l’on n’atteint pas le son au travers d’une recherche. Le son est le son de notre propre âme. Quand on recherche son propre son à tout prix c’est un son artificiel. En effet il n’existe pas « un beau son », il n’existe qu’un son qui est le vrai son de la personne. Le son est un ensemble de choses : c’est une qualité de vibrato, un type d’attaque, la quantité de souffle que l’on met dans le son qui fait qu’il devient suffisant, c’est tout cela qui constitue le son. Il faut que le son représente ce que l’on sent, c’est là qu’il devient vraiment beau. Miles Davis et Chet Baker avaient un son vraiment merveilleux, mais d’un point de vue académique ou théorique leur son n’était pas beau. Marsalis a un beau son, mais selon moi il est moins beau que ceux de Miles et Chet, sans doute parce qu’ils ont en eux des choses en plus que Marsalis n’a pas. J’aime beaucoup Marsalis, mais il ne me viendrait pas à l’esprit de le citer comme un beau son. En réalité Marsalis a un beau son, mais pour moi le vrai beau son est celui de Miles ou de Chet car c’est LEUR son. Ce n’est pas un son de conservatoire, qui serait simplement pur. Mais bon tout cela dépend de comment on voit les choses.
Vous parlez de l’âme en somme…
Oui exactement, en effet pour moi, un musicien qui avait un son merveilleux était Toni Fruscella, un italo-américain qui a sévit dans les années 60. D’un point de vue académique il n’avait pas un beau son, mais pour moi il produisait un son merveilleux parce que honnête et authentique.
Vous allez jouer après un concert de piano solo de votre ami Stefano Bollani. Pouvez-vous nous parler du chemin que vous avez parcouru ensemble ?
Je l’ai connu quand il était absolument inconnu alors qu’il jouait avec des chanteurs pop. J’ai immédiatement été touché et j’ai pensé qu’il s’agissait du pianiste que j’attendais depuis des années. Et de fait je l’ai dès lors associé à tous mes projets, même des projets avec Gato Barbieri, des projets avec orchestre symphonique et mon quintette. Puis peu à peu Stefano est devenu très populaire, non seulement comme pianiste, mais aussi comme imitateur, c’est vraiment un personnage polyvalent : il fait de la télé, de la radio. Comme c’est désormais un homme très occupé par différents projets, la seule chose que nous continuons à faire ensemble c’est notre duo. Jouer avec Stefano est toujours une surprise et me procure un plaisir immense.
Vous l’avez dit à plusieurs reprises, pour vous « jouer est une fête ». Quel est le pouvoir de la musique sur le bonheur ? Comment naît-il ? Pourquoi ?
Pour commencer il faudrait définir le bonheur. Les personnes heureuses existent-elles ? Je ne sais pas, peut-être que oui, peut-être que non. Moi je ne le crois pas. Pour être heureux il faut être un peu idiot. Tout au plus on peut vivre des moments de bonheur très intenses, mais ensuite on les paye par une belle vague de dépression, non ? (rires). Le bonheur c’est jouer de la musique quand tout marche, quand on sent l’équilibre, l’harmonie, quand tous les musiciens donnent et reçoivent, quand personne n’impose son ego sans y renoncer pour autant. Alors apparaît cette parfaite harmonie qui nous relie à notre harmonie interne, parce que notre corps est un corps harmonique où tout fonctionne – tant qu’on est vivants c’est que tout fonctionne non ? – Les reins, les poumons, le cœur font ce qu’ils ont à faire. Quand un groupe fonctionne c’est ainsi que cela se passe. C’est l’harmonie cosmique. Quand tout marche on se relie avec notre for intérieur, avec le cosmos, avec le Tout , et c’est un moment de bonheur. Jouer est une fête, je dis toujours aux jeunes musiciens avec qui je joue et qui parfois vont monter sur scène fringués comme s’ils allaient dormir, de mettre quelque chose de beau : « vous allez à une fête, habillez-vous en conséquence ! » C’est un évènement spécial, ce n’est pas comme aller repeindre un mur ou déplacer des caisses. C’est un moment de fête et de joie, c’est comme quand on a rencart avec une fille que l’on ne connaît pas : on se fait beau, on se rase, on se lave et on se met quelque chose de joli.
Vous êtes venu à Souillac en 2004 et vous vous souvenez peut-être de la magnifique abbaye romane, écrin de pierre qui sert de décor aux concerts. Est-ce que jouer à l’extérieur, dans un endroit chargé de spiritualité et de beauté a une influence sur votre musique au moment où elle se crée ?
Parfois oui, parfois non. Il n’y a pas de règle. L’élément principal c’est l’acoustique. La moitié du succès d’un concert dépend de l’acoustique. Ca vient du son et d’un bon système d’amplification. Quand il n’y avait pas encore d’ingénieurs du son, on construisait des théâtres où le son était exceptionnel. Par exemple en Italie, il y a le théâtre olympique de Vicenza qui est le plus ancien théâtre fermé du monde où le son est extraordinaire, il est si beau qu’il inspire tout le monde. J’ai joué avec Bollani à San Carlo di Napoli : le son était si bon que dès la première note on a su que ce serait un concert extraordinaire. Et puis bien sûr s’il y a de l’histoire par là autour ça fait quelque chose, mais ce n’est pas une règle.
Jouer au Village Vanguard où l’on sait qu’y ont joué les plus grands du jazz, ça fait un certain effet, on sent les vibrations qui règnent dans ce lieu, cela peut donc aussi valoir pour une cathédrale.
Merci beaucoup de nous avoir répondu avec tant d'enthousiasme et d'exactitude.
Propos recueillis et traduits par Enrico
A propos de votre formation, on parle souvent de la rencontre créatrice entre votre musique, au son si reconnaissable, et les jaillissements et débordements des jeunes musiciens, entre votre lyrisme et leur imaginaire. Cependant, je veux croire que leur lyrisme rencontre votre imaginaire et leur fougue votre énergie. Pouvez-vous nous parler de ces rencontres ?
Je dois dire que je ne choisis pas les musiciens avec qui je vais jouer sur la base de leur âge. Je m’associe avec des musiciens avec lesquels je partage plus ou moins la même vision. C’est un pur hasard si la plupart des musiciens avec lesquels je joue sont beaucoup plus jeunes que moi. Il faut dire que souvent les musiciens de mon âge se cristallisent sur leur meilleure période. Je pense que je reçois beaucoup des musiciens avec qui je joue, qu’ils soient jeunes ou vieux, et de mon côté j’essaie de donner.
Il y a quelque chose qui vous plaît dans l’enthousiasme et l’énergie d’un jeune musicien qui débute ?
Bien sûr la volonté des jeunes de se faire une place est importante, mais je ne pense pas qu’il s’agit d’une caractéristique… le désir n’est pas une caractéristique inhérente à l’âge. Moi j’ai 71 ans et j’ai le même enthousiasme et le même désir que quand j’en avais 16. Il y a des personnes qui n’ont aucun désir à vingt ans ; il y a des personnes qui naissent vieilles et d’autres qui meurent jeunes.
Robert Peyrillou, président de Souillac-en-jazz, dans son éditorial, salue votre son, toujours plus beau et plus émouvant, reconnaissable dès qu’on l’a entendu. J’aimerais que vous nous parliez de votre travail à la trompette, quelle quête vous a conduit à ce son ?
Je crois que l’on n’atteint pas le son au travers d’une recherche. Le son est le son de notre propre âme. Quand on recherche son propre son à tout prix c’est un son artificiel. En effet il n’existe pas « un beau son », il n’existe qu’un son qui est le vrai son de la personne. Le son est un ensemble de choses : c’est une qualité de vibrato, un type d’attaque, la quantité de souffle que l’on met dans le son qui fait qu’il devient suffisant, c’est tout cela qui constitue le son. Il faut que le son représente ce que l’on sent, c’est là qu’il devient vraiment beau. Miles Davis et Chet Baker avaient un son vraiment merveilleux, mais d’un point de vue académique ou théorique leur son n’était pas beau. Marsalis a un beau son, mais selon moi il est moins beau que ceux de Miles et Chet, sans doute parce qu’ils ont en eux des choses en plus que Marsalis n’a pas. J’aime beaucoup Marsalis, mais il ne me viendrait pas à l’esprit de le citer comme un beau son. En réalité Marsalis a un beau son, mais pour moi le vrai beau son est celui de Miles ou de Chet car c’est LEUR son. Ce n’est pas un son de conservatoire, qui serait simplement pur. Mais bon tout cela dépend de comment on voit les choses.
Vous parlez de l’âme en somme…
Oui exactement, en effet pour moi, un musicien qui avait un son merveilleux était Toni Fruscella, un italo-américain qui a sévit dans les années 60. D’un point de vue académique il n’avait pas un beau son, mais pour moi il produisait un son merveilleux parce que honnête et authentique.
Vous allez jouer après un concert de piano solo de votre ami Stefano Bollani. Pouvez-vous nous parler du chemin que vous avez parcouru ensemble ?
Je l’ai connu quand il était absolument inconnu alors qu’il jouait avec des chanteurs pop. J’ai immédiatement été touché et j’ai pensé qu’il s’agissait du pianiste que j’attendais depuis des années. Et de fait je l’ai dès lors associé à tous mes projets, même des projets avec Gato Barbieri, des projets avec orchestre symphonique et mon quintette. Puis peu à peu Stefano est devenu très populaire, non seulement comme pianiste, mais aussi comme imitateur, c’est vraiment un personnage polyvalent : il fait de la télé, de la radio. Comme c’est désormais un homme très occupé par différents projets, la seule chose que nous continuons à faire ensemble c’est notre duo. Jouer avec Stefano est toujours une surprise et me procure un plaisir immense.
Vous l’avez dit à plusieurs reprises, pour vous « jouer est une fête ». Quel est le pouvoir de la musique sur le bonheur ? Comment naît-il ? Pourquoi ?
Pour commencer il faudrait définir le bonheur. Les personnes heureuses existent-elles ? Je ne sais pas, peut-être que oui, peut-être que non. Moi je ne le crois pas. Pour être heureux il faut être un peu idiot. Tout au plus on peut vivre des moments de bonheur très intenses, mais ensuite on les paye par une belle vague de dépression, non ? (rires). Le bonheur c’est jouer de la musique quand tout marche, quand on sent l’équilibre, l’harmonie, quand tous les musiciens donnent et reçoivent, quand personne n’impose son ego sans y renoncer pour autant. Alors apparaît cette parfaite harmonie qui nous relie à notre harmonie interne, parce que notre corps est un corps harmonique où tout fonctionne – tant qu’on est vivants c’est que tout fonctionne non ? – Les reins, les poumons, le cœur font ce qu’ils ont à faire. Quand un groupe fonctionne c’est ainsi que cela se passe. C’est l’harmonie cosmique. Quand tout marche on se relie avec notre for intérieur, avec le cosmos, avec le Tout , et c’est un moment de bonheur. Jouer est une fête, je dis toujours aux jeunes musiciens avec qui je joue et qui parfois vont monter sur scène fringués comme s’ils allaient dormir, de mettre quelque chose de beau : « vous allez à une fête, habillez-vous en conséquence ! » C’est un évènement spécial, ce n’est pas comme aller repeindre un mur ou déplacer des caisses. C’est un moment de fête et de joie, c’est comme quand on a rencart avec une fille que l’on ne connaît pas : on se fait beau, on se rase, on se lave et on se met quelque chose de joli.
Vous êtes venu à Souillac en 2004 et vous vous souvenez peut-être de la magnifique abbaye romane, écrin de pierre qui sert de décor aux concerts. Est-ce que jouer à l’extérieur, dans un endroit chargé de spiritualité et de beauté a une influence sur votre musique au moment où elle se crée ?
Parfois oui, parfois non. Il n’y a pas de règle. L’élément principal c’est l’acoustique. La moitié du succès d’un concert dépend de l’acoustique. Ca vient du son et d’un bon système d’amplification. Quand il n’y avait pas encore d’ingénieurs du son, on construisait des théâtres où le son était exceptionnel. Par exemple en Italie, il y a le théâtre olympique de Vicenza qui est le plus ancien théâtre fermé du monde où le son est extraordinaire, il est si beau qu’il inspire tout le monde. J’ai joué avec Bollani à San Carlo di Napoli : le son était si bon que dès la première note on a su que ce serait un concert extraordinaire. Et puis bien sûr s’il y a de l’histoire par là autour ça fait quelque chose, mais ce n’est pas une règle.
Jouer au Village Vanguard où l’on sait qu’y ont joué les plus grands du jazz, ça fait un certain effet, on sent les vibrations qui règnent dans ce lieu, cela peut donc aussi valoir pour une cathédrale.
Merci beaucoup de nous avoir répondu avec tant d'enthousiasme et d'exactitude.
Propos recueillis et traduits par Enrico
Libellés : enrico rava
"Mon langage est le jazz"
Entretien avec Nguyên Lê, juin 2010
Robert Peyrillou, directeur artistique de souillac-en-jazz, intitule son édito « Le jazz pèlerin ». Le mot pèlerin évoque d’abord le voyage ; « Saiyuki », le texte, est un récit de voyage. Qu’en est-il de votre projet musical ?
Comme je l’ai écrit sur les notes de l’album, SAIYUKI est le nom japonais pour "Le Voyage en Occident", le célèbre roman chinois du 16e siècle de Wu Cheng'en.
Ce roman conte l'expédition en Inde, au 7e siècle, du bonze Xuanzang à la recherche de textes bouddhiques sacrés. J'ai voulu prendre ce "Voyage en Occident" comme l'image des voyages, réels ou imaginaires, qui amènent les musiciens de ce groupe à créer cette musique. Comme la quête d'un secret qui doit nécessairement passer par l'aventure de l'ailleurs, tout en gardant le plus précieux trésor : notre identité. Du Vietnam à l'Inde en passant par le Japon, nous tisserons les fils de soie qui peignent le visage d'une Asie sans frontières. A chacun son centre cardinal, (l'Occident que visait le roman Chinois était l'Inde), mais ici il explose. Le Centre est multiple, le Dialogue est lancé, les correspondances sont ouvertes : fêtons cela en musique !
Chaque musicien de SAIYUKI a la richesse d'une double culture, issue de la tradition & de la modernité à la fois. Chacun est virtuose de son très spécifique instrument. Prabhu & Mieko peuvent être profondément traditionnels, l'un accompagner le divin flûtiste hindoustani Hariprasad Chaurasia, & l'autre interpréter une pièce classique japonaise du 18e siècle pour le couple Impérial.
Mais ce sont aussi des musiciens ethniques vivants, connaisseurs des langages & des techniques de la musique d'aujourd'hui, curieux de rencontres & ouverts sur tous les possibles de notre monde. Mon langage est le Jazz, mais j'ai choisi de l'ouvrir & de l'alimenter avec d'autres cultures essentielles qui me fascinent & me rappellent mon origine. En tant que musicien de Jazz j'ai autant de plaisir à improviser avec eux qu'avec un autre grand musicien de Jazz. Le challenge est toujours là, la liberté & l'inspiration aussi. L'improvisation, cette compréhension & création musicale instantanée, repousse les limites de notre rencontre de cultures.
J’ai créé Saiyuki comme un terrain de jeu où diverses traditions asiatiques & des langages musicaux historiquement différents peuvent se rencontrer & se développer. Nous avons tant à partager & à apprendre de l’autre !
Vos différents albums portent la marque de votre éclectisme culturel, de l’Afrique au Viêtnam, du Maroc à la Turquie, de Jimi Hendrix à Claude Nougaro. Je suppose que c’est un gros travail de s’approprier des codes et des sensibilités aussi différents ?
C’est un travail que je fais depuis plus de 20 ans, depuis « Ultramarine » (1985) en passant par « Tales from Viet Nam » (1995) & « Maghreb & Friends » (1996), etc... J’ai toujours été fasciné par les autres cultures, je suppose à cause de la situation de métissage culturel dans laquelle je suis né (à Paris de parents vietnamiens). Il y a tant à apprendre des autres cultures. Mais pour que la rencontre soit heureuse il faut qu’il y ait non seulement du respect & de l’amour pour l’autre culture, mais aussi un moment d’oubli de ses propres références : faire le vide en soi pour ouvrir l’espace pour accueillir l’autre. A la fin de cette quête circulaire on se retrouvera soi même, enrichi & agrandi.
En vous écoutant, il me semble que votre instrument est votre ancrage et que c’est par lui que vous donnez continuité à votre périple musical. J’aimerais que vous nous parliez de la guitare électrique dans votre jazz.
J'ai commencé la musique très tard. D'ailleurs, les premières notes qui m'ont vraiment marqué sont celles de Deep Purple, j'étais alors en classe de 6eme. L'énergie et l'électricité du hard rock m'ont plu. J'ai toujours gardé ces deux éléments, pour moi proches de la transe, dans mon jeu. Puis j'ai été batteur dans un groupe de lycée. Notre musique était déjà très improvisée, avec une couleur King Crimson. Un jour, le guitariste a laissé son instrument chez moi. J'ai pris sa guitare et j'ai ressenti un nouveau déclic : c’était cet instrument qui allait être ma voie autant que ma voix. La guitare classique de ma sœur ne m’intéressait pas du tout : j’avais besoin de ces cordes en métal qui suivent la vibration de mon corps & donnent le sustain qui fait chanter les notes ; j’avais besoin de cette électricité, qui ouvre tout un monde de sons & d’énergie.
J'ai commencé à 16 ans un apprentissage en autodidacte, ce que je suis resté jusqu'au bout, j'improvisais beaucoup. Je n'ai jamais appris à jouer sur les morceaux à la mode. J'ai commencé à écouter du jazz-rock. D'abord avec Return To Forever, puis John McLaughlin et, enfin, Weather Report. Puis, un ami m'a montré le Real Book : avant, je n'aimais pas les accords, surtout les accords majeurs ! Lorsque j'ai appris les accords jazz, tout a changé. J'ai compris que l'improvisation était une façon de développer de manière horizontale l'harmonie qui est verticale - en tous cas dans le langage be-bop. Je n'ai appris le solfège, toujours tout seul, que lorsque j'ai souhaité écrire mes premières compositions. En fait, je ne me suis jamais centré sur les guitaristes. Je préfère dire que c'est la musique et cet instrument qui m'ont choisi. J'ai toujours davantage pensé à la musique qu'à l'instrument. J'ai passé des heures à improviser tout seul, jamais à faire des gammes : c'était une transe, pas un exercice !
À Souillac, vous allez jouer en plein air, avec dans votre dos, une imposante abbaye romane qui constitue un décor riche en spiritualité. Quelle influence ont sur vous, sur votre musique en train de se produire, le lieu, le cadre, le décor ?
La question est délicate : j’ai fait des concerts somptueux autant que médiocres dans des caves minuscules & sur des scènes grandioses, devant 20 ou 20 000 personnes ! Il y a en fait rarement un rapport direct entre le contexte & le spectacle, & il y a tellement de raisons pour qu’un spectacle réussisse ou pas. La musique a ses propres lois…Je pense que le cadre est plus important pour le public, qui transmettra alors une vibration différente. Et si le concert se passe bien & que le contexte est spécialement inspirant, alors le résultat sera d’autant plus miraculeux ! Car là est l’essence de l’Art…
Propos recueillis par Marie-Françoise
Robert Peyrillou, directeur artistique de souillac-en-jazz, intitule son édito « Le jazz pèlerin ». Le mot pèlerin évoque d’abord le voyage ; « Saiyuki », le texte, est un récit de voyage. Qu’en est-il de votre projet musical ?
Comme je l’ai écrit sur les notes de l’album, SAIYUKI est le nom japonais pour "Le Voyage en Occident", le célèbre roman chinois du 16e siècle de Wu Cheng'en.
Ce roman conte l'expédition en Inde, au 7e siècle, du bonze Xuanzang à la recherche de textes bouddhiques sacrés. J'ai voulu prendre ce "Voyage en Occident" comme l'image des voyages, réels ou imaginaires, qui amènent les musiciens de ce groupe à créer cette musique. Comme la quête d'un secret qui doit nécessairement passer par l'aventure de l'ailleurs, tout en gardant le plus précieux trésor : notre identité. Du Vietnam à l'Inde en passant par le Japon, nous tisserons les fils de soie qui peignent le visage d'une Asie sans frontières. A chacun son centre cardinal, (l'Occident que visait le roman Chinois était l'Inde), mais ici il explose. Le Centre est multiple, le Dialogue est lancé, les correspondances sont ouvertes : fêtons cela en musique !
Chaque musicien de SAIYUKI a la richesse d'une double culture, issue de la tradition & de la modernité à la fois. Chacun est virtuose de son très spécifique instrument. Prabhu & Mieko peuvent être profondément traditionnels, l'un accompagner le divin flûtiste hindoustani Hariprasad Chaurasia, & l'autre interpréter une pièce classique japonaise du 18e siècle pour le couple Impérial.
Mais ce sont aussi des musiciens ethniques vivants, connaisseurs des langages & des techniques de la musique d'aujourd'hui, curieux de rencontres & ouverts sur tous les possibles de notre monde. Mon langage est le Jazz, mais j'ai choisi de l'ouvrir & de l'alimenter avec d'autres cultures essentielles qui me fascinent & me rappellent mon origine. En tant que musicien de Jazz j'ai autant de plaisir à improviser avec eux qu'avec un autre grand musicien de Jazz. Le challenge est toujours là, la liberté & l'inspiration aussi. L'improvisation, cette compréhension & création musicale instantanée, repousse les limites de notre rencontre de cultures.
J’ai créé Saiyuki comme un terrain de jeu où diverses traditions asiatiques & des langages musicaux historiquement différents peuvent se rencontrer & se développer. Nous avons tant à partager & à apprendre de l’autre !
Vos différents albums portent la marque de votre éclectisme culturel, de l’Afrique au Viêtnam, du Maroc à la Turquie, de Jimi Hendrix à Claude Nougaro. Je suppose que c’est un gros travail de s’approprier des codes et des sensibilités aussi différents ?
C’est un travail que je fais depuis plus de 20 ans, depuis « Ultramarine » (1985) en passant par « Tales from Viet Nam » (1995) & « Maghreb & Friends » (1996), etc... J’ai toujours été fasciné par les autres cultures, je suppose à cause de la situation de métissage culturel dans laquelle je suis né (à Paris de parents vietnamiens). Il y a tant à apprendre des autres cultures. Mais pour que la rencontre soit heureuse il faut qu’il y ait non seulement du respect & de l’amour pour l’autre culture, mais aussi un moment d’oubli de ses propres références : faire le vide en soi pour ouvrir l’espace pour accueillir l’autre. A la fin de cette quête circulaire on se retrouvera soi même, enrichi & agrandi.
En vous écoutant, il me semble que votre instrument est votre ancrage et que c’est par lui que vous donnez continuité à votre périple musical. J’aimerais que vous nous parliez de la guitare électrique dans votre jazz.
J'ai commencé la musique très tard. D'ailleurs, les premières notes qui m'ont vraiment marqué sont celles de Deep Purple, j'étais alors en classe de 6eme. L'énergie et l'électricité du hard rock m'ont plu. J'ai toujours gardé ces deux éléments, pour moi proches de la transe, dans mon jeu. Puis j'ai été batteur dans un groupe de lycée. Notre musique était déjà très improvisée, avec une couleur King Crimson. Un jour, le guitariste a laissé son instrument chez moi. J'ai pris sa guitare et j'ai ressenti un nouveau déclic : c’était cet instrument qui allait être ma voie autant que ma voix. La guitare classique de ma sœur ne m’intéressait pas du tout : j’avais besoin de ces cordes en métal qui suivent la vibration de mon corps & donnent le sustain qui fait chanter les notes ; j’avais besoin de cette électricité, qui ouvre tout un monde de sons & d’énergie.
J'ai commencé à 16 ans un apprentissage en autodidacte, ce que je suis resté jusqu'au bout, j'improvisais beaucoup. Je n'ai jamais appris à jouer sur les morceaux à la mode. J'ai commencé à écouter du jazz-rock. D'abord avec Return To Forever, puis John McLaughlin et, enfin, Weather Report. Puis, un ami m'a montré le Real Book : avant, je n'aimais pas les accords, surtout les accords majeurs ! Lorsque j'ai appris les accords jazz, tout a changé. J'ai compris que l'improvisation était une façon de développer de manière horizontale l'harmonie qui est verticale - en tous cas dans le langage be-bop. Je n'ai appris le solfège, toujours tout seul, que lorsque j'ai souhaité écrire mes premières compositions. En fait, je ne me suis jamais centré sur les guitaristes. Je préfère dire que c'est la musique et cet instrument qui m'ont choisi. J'ai toujours davantage pensé à la musique qu'à l'instrument. J'ai passé des heures à improviser tout seul, jamais à faire des gammes : c'était une transe, pas un exercice !
À Souillac, vous allez jouer en plein air, avec dans votre dos, une imposante abbaye romane qui constitue un décor riche en spiritualité. Quelle influence ont sur vous, sur votre musique en train de se produire, le lieu, le cadre, le décor ?
La question est délicate : j’ai fait des concerts somptueux autant que médiocres dans des caves minuscules & sur des scènes grandioses, devant 20 ou 20 000 personnes ! Il y a en fait rarement un rapport direct entre le contexte & le spectacle, & il y a tellement de raisons pour qu’un spectacle réussisse ou pas. La musique a ses propres lois…Je pense que le cadre est plus important pour le public, qui transmettra alors une vibration différente. Et si le concert se passe bien & que le contexte est spécialement inspirant, alors le résultat sera d’autant plus miraculeux ! Car là est l’essence de l’Art…
Propos recueillis par Marie-Françoise
Libellés : nguyen le
Morceau d'anthologie
Un morceau de l'album Welche par Rodolphe Burger et Olivier Cadiot, parfois utilisé comme prélude innatendu aux concerts du festival.
Tante elizabeth, (pierre alferi),
envoyé par zohilof. - Regardez plus de films, séries et bandes annonces.
Un soir au cinéma
Ce soir à 21h au Cinéma le Paris, "Un soir au club", de Jean Achache, d'après le livre de Christian Gailly, avec Elise Caron.
Musique de Michel Benita.
Musique de Michel Benita.
Les Jazzettes
Déjà 3 Jazzettes depuis le début du festival 2010 !
La Jazzette "Hommage à Yannick Stéphant",
la Jazzette du mardi 20,
et toute fraîche, celle du mercredi 21.
Bonne lecture !
Libellés : jazzette
20 juillet 2010
19 juillet 2010
Et hop !

13 juillet 2010
il reste des places ... mais le gospel est complet

Il reste des places pour les trois soirées place Pierre Betz à Souillac : Nguyên Lê "Saiyuki" le 22, Dee Alexander Quartet et Tigran Hamasyan "Aratta rebirth" Quintet le 23, Stefano Bollani Solo et Enrico Rava Quartet le 24.
Elles sont en vente soit sur notre site www.souillacenjazz.net soit sur www.fnac.fr, www.ticketnet.fr , dans les commerces de ces réseaux: Auchan, Virgin, Leclerc, Cultura, Cora, Carrefour ... ou aux offices de tourisme de Souillac ou de Rocamadour.
08 juillet 2010
Visite du PAP (prêt à poster) à Souillac

Libellés : prêt à poster souillac en jazz