15 juillet 2013

"La rue, j'adore ça"


Une saxophoniste leader, trois très bons musiciens, généreux et plein d’enthousiasme, adorent se produire dans la rue, jouer au plus près du public, l’accrocher et le convaincre qu’écouter du jazz, c’est un moment de détente et de plaisir. Marie Estrade, saxophoniste et clarinettiste, a l’enthousiasme contagieux.
Vous allez jouer dans la rue. Qu’est-ce que ça représente pour vous? 
La rue, j’adore ça. C’est l’endroit où on se rend le plus compte de l’impact qu’on a sur les gens. De voir qu’on arrive à créer des attroupements, une ambiance alors que les gens ne sont pas du tout préparés à ça et qu’on voit qu’ils sont très contents, c’est super. J’adore la rue! Je préfère avoir la rue que des dates dans des lieux pas toujours agréables. Quand vous marchez dans la rue, c’est que vous êtes pas si mauvais que ça! On est confronté à des situations pas communes, avec des gens qu’on ne connaît pas. On impose notre musique à des gens qui ne sont pas forcément acquis. D’arriver à créer une osmose avec des gens pas préparés c’est super!
Qu’est-ce qui peut être gênant dans la rue? 
Rien. Le bruit des voiture? Ça fait partie d’un jeu. C’est un ensemble de choses qui fait que justement c’est la rue. S’il n’y a plus ces critères, ce n’est plus la rue. Le son fait partie de ça, la proximité des gens, ça fait tout ça. Des contacts vraiment chaleureux, des gens qui viennent m’offrir de fleurs, qui viennent m’embrasser. Je trouve ça super, la rue! C’est plus fatigant, c’est une fatigue plus physique que quand on est sur scène. La scène est un lieu qu’on doit s’accaparer et on a une heure trente pour exploser. C’est plus difficile quand on doit bouger, il faut bouger le matériel. C’est différent. Les deux sont différents, ce sont deux contextes différents. J’aime autant l’un que l’autre.
Et le répertoire de Bluemary Swing? 
Notre répertoire est assez large. Comme je suis clarinettiste et saxophoniste, on essaie d’avoir un répertoire éclectique. On joue aussi bien Piaf que Charlie Parker, Dave Brubeck, Nougaro, du swing manouche ou du bop. On joue ce qu’on aime toujours avec la couleur Bluemary Swing. On essaie de jouer notre couleur.
Et quelle est la couleur Bluemary swing? 
C’est une couleur qu’on a réussi à créer. Je ne sais pas la définir, c’est une envie de partage.
Comment choisissez-vous les morceaux? 
On a un répertoire établi et en fonction du climat, des gens devant nous, on va jouer plus tel ou tel morceau, parce qu’on sent que les gens attendent ça. Il y a des endroits où on ne va pas jouer du Ron Carter mais du jazz festif. Et des endroits où on va jouer Ron Carter ou "Bluesette" de Toots Thielemans, un jazz plus travaillé parce que le gens attendent ça.
Comment est née votre formation? 
Le duo [Marie Estrade (s) et Marc Estrade (g)] est ancien. Marc est totalement autodidacte. S’ajoutent des rencontres. On a la chance de jouer ave un trompettiste qui sera pendant deux jours à Souillac, Claude Mirandola. C’est un monstre! Quand j’ai entendu ce type j’ai pleuré. C’était vraiment magnifique! On joue également avec un batteur, Auguste Caron, qui est un petit monstre, très fin. Il est partout. En plus comme il est pianiste, il a une belle connaissance de l’harmonie. Il entend tout, il est fin, c’est un batteur fou. C’est une belle rencontre. Notre formation est née de belles rencontres.
C’est un peu notre thème cette année, la rencontre intergénérationnelle, avec Portal et Peirani… 
C’est magnifique d’avoir l’occasion de pouvoir écouter des gens comme ça et même de les rencontrer. Je sais qu’il y a des bœufs, alors de jouer avec eux… On est super contents! On va être bien claqués, parce que des dates on en a tout l’été.
Que représente pour vous le festival de jazz de Souillac? Quelle image en avez-vous? 
J’ai une image de plein de gens de bonne volonté qui sont amoureux de la même chose, c’est-à-dire du jazz, et qui ont réussi dans un tout petit bled à faire un truc qui monte. Bien sûr ce n’est pas Marciac mais vous faites venir de super têtes d’affiche. Apparemment c’est une belle ambiance, les gens s’entendent bien. C’est une récompense de pouvoir participer à des choses comme ça. C’est une récompense parce que de grands musiciens, parce que des rencontres, parce que tout le monde n’y joue pas. Je suis fière. Quand on me demande où vous vous jouer cet été, je dis au festival de Souillac, bien sûr.
Et puis vous savez c’est un lieu qui est même intimidant pour nous. L’année dernière, il y avait Omar Sosa... Et puis d’avoir eu la délicatesse d’avoir mis, même en petit, les musiciens qui sont en off sur la même affiche que ceux qui sont sur la grande scène, je trouve que c’est délicat de la part de tout le monde et du coup c’est encore plus intimidant.
Vous voulez ajouter quelque chose? 
Non sinon que j’ai la trouille et que j’espère qu’on va faire cinq jours de fou et qu’on va mettre le feu à Souillac et qu’on va tout réussir. La seule envie que j’ai c’est ça.
Du repas du marché de producteurs le mercredi soir au dimanche midi à Lamothe Timbergues, Bluemary Swing enchantera les places et les terrasses jeudi à 11h30 place des Toiles et à 18h30 allées Verninac, vendredi à 11h30 allées Verninac et à 15h30 place du Beffroi, samedi à 11h place du Puits et à 17h allées Verninac.
Marie-Françoise