04 juillet 2013

En complicité avec un cadre scénique somptueux, le Trio d'en bas dans les grottes de Lacave



Entretien avec Arnaud Rouanet, saxophoniste du Trio d’en bas
Vous allez jouer cette année au festival de jazz de Souillac et votre concert se déroulera dans une grotte. Quel intérêt a pour vous ce lieu?
Jouer dans une grotte va nous amener un cadre différent. Nous allons expérimenter d’autres approches musicales. Nous avons déjà essayé de jouer dans des endroits très résonnants et nous savons qu’il y a un répertoire à sélectionner car toute musique ne marche pas dans un endroit très résonnant.
Vous nous avez habitués à une musique improvisée originale, pleine de force et pleine d’humour. Comment appréhendez-vous la grotte? Pouvez-vous préciser les impacts des contraintes du lieu?
Il y a une contrainte sonore: ça résonne énormément, il y a des fréquences qui tournent, qui s’interpellent, qui font une espèce de résonance permanente. Ça amène un univers sonore différent,  bien rempli.
Les contraintes sont de trois ordres: le premier c’est que dans cette grotte, on ne pourra pas prendre nos instruments habituels. Le piano droit, par exemple, ce serait très délicat de l’amener, dans le petit train, à cause des escaliers et il y a l’humidité qui pose un problème de justesse. Ensuite, il a une contrainte visuelle liée aux espaces de cette grotte. Nous utiliserons le bassin, nous irons à l’opposé du public dans un creux fait par une rivière il y a très longtemps. Enfin, il y a une contrainte sonore. Nous allons devoir jouer des notes plus tenues différemment du rythme endiablé dont nous avons l’habitude. Sinon ça risque de tourner en rond et d’être très désagréable, si on joue très fort et très rythmé. Improviser différemment c’est toujours intéressant parce que ça amène de la fraîcheur.
Comment s'est formé le Trio d'en bas?
Le trio d'en bas est formé d'anciens musiciens de la Compagnie Lubat (festival d’Uzeste). Le premier concert du groupe a eu lieu là-bas, sur une passerelle de fortune, entre deux rives d'un ruisseau.
L'expérience que nous avons eue à Uzeste est fondamentale dans la construction du Trio.
Comment se construisent vos choix musicaux? et le côté spectacle? l'aspect humoristique?
L'amitié nous liant tous les trois date de plus de 15 ans. La complicité et la cohésion vient de cette richesse relationnelle. Les choix se font très démocratiquement, à l'image de notre compagnie et de ses nombreuses activités. La direction artistique est tripartite. C'est une aventure riche collectivement et individuellement.
Comment se fait-il que vous changiez d'instruments?
L'approche multi-instrumentiste nous permet d'atteindre des univers différents. Nous pouvons élargir le champ des possibles et repousser les barrières esthétiques plus aisément.
Que représente pour le Trio d'en bas le festival de jazz de Souillac?
Le festival est de très bonne qualité, l'éclectisme semble être de mise et c'est ce qui nous intéresse. Nous nous sommes aussi mis d'accord sur le contexte du concert: une grotte, un espace magnifique! La réverbération sonore est prise comme une contrainte très constructive. Nous allons donc adapter notre répertoire, en complicité avec ce cadre scénique somptueux. C'est ce qui rend le chalenge intéressant.

Et c’est une chance, il reste quelques places pour la soirée concert dans la grotte de Lacave, mardi 16 juillet, vendues à l’office de tourisme de Souillac (Place Sim Copans, 46200 Souillac) ou en ligne. La volonté des musiciens du Trio d’en bas de jouer au plus près du public et d’offrir un spectacle total est un atout très fort pour ce concert dans la grotte de Lacave et nous sommes curieux d’entendre se dérouler les mélodies dont les notes tenues vont virevolter entre les concrétions et planer sous l’immense voûte de pierre. 
Marie-Françoise