07 mai 2013

Tangue l'accordéon!


Tout commence par un striptease : Apollonio entre en scène et retire langoureusement,  élément par élément un bonnet à bigoudis, une robe de chambre panthère (si si ça existe !), des charentaises moelleuses en déroulant un suave tango aux sons de l’accordéon de Marcelino. Il arrêtera là la découverte de son corps d’Apollon et se vêtira d’un costume de séducteur sans doute légèrement mafieux. De farces en pitreries, les deux musiciens racontent leurs aventures aux pays du tango. Il y a peu de spectateurs ? tant pis. Ou tant mieux, chacun est pris à partie et chacun rit, l’ambiance chauffe, on ose, on danse - le tango bien sûr-, on rit encore. Marcelino joue, Apollonio chante.  « Au début, on a improvisé le spectacle et l’histoire s’est mise en place. Elle reste le fil conducteur mais après on compose avec le public et dans toutes les situations tout le monde s’amuse », dit Paco à la fin du concert. Avec un peu de recul, on voit bien que les deux amis tournent en dérision les constantes des spectacles : le manteau de fourrure négligemment délaissée par la diva (devenu la robe de chambre panthère déjà évoquée), la participation du public, la vente du cd. Je ne raconterai pas les détournements des incontournables habituels des concerts. Ne pas croire qu’il n’y a que farce et rigolade, la musique est là : un répertoire de tango assez classique, des reprises d’Astor Piazzola (Vuelvo al sur), de Carlos Gardel (Volver) et Adriana Varela.  Marcelino et Appolonio jouent avec les codes, introduisant des airs de milongas (en 2/4 temps), chantés pour faire danser dans les bals populaires, au milieu de tangos « classiques » (en 4/4 temps) plus contemplatifs. Les deux musiciens marquent d’ailleurs bien la différence, blaguant sur les milongas ou créant une ambiance plus intimiste, avec leurs mimiques déchirantes sur les tangos « classiques ». Ils théâtralisent les paroles souvent machos et un peu grivoises des milongas, comme les accents mélodramatiques de l’amour, de la tristesse, des dilemmes propres aux tangos plus récents. L’accordéon déploie de longues phrases, dans lesquelles nous avons le temps de nous installer, de nous reposer, avant que ne reprenne le tournoiement de la danse. Et après le concert, la fête continue à l’Amanita Muscaria. Ce soir-là, le public était peu nombreux, aussi pas de chichi, tout le monde continue à plaisanter, à boire un coup, entre copains. Marie-Françoise
Après le concert de la Mala Cabeza le 16 avril à l’Amanita Muscaria, Toulouse.