Tangue l'accordéon!
Tout commence par un
striptease : Apollonio entre en scène et retire langoureusement, élément par élément un bonnet à bigoudis, une
robe de chambre panthère (si si ça existe !), des charentaises moelleuses
en déroulant un suave tango aux sons de l’accordéon de Marcelino. Il arrêtera
là la découverte de son corps d’Apollon et se vêtira d’un costume de séducteur
sans doute légèrement mafieux. De farces en pitreries, les deux musiciens
racontent leurs aventures aux pays du tango. Il y a peu de spectateurs ?
tant pis. Ou tant mieux, chacun est pris à partie et chacun rit, l’ambiance
chauffe, on ose, on danse - le tango bien sûr-, on rit encore. Marcelino joue,
Apollonio chante. « Au début, on a
improvisé le spectacle et l’histoire s’est mise en place. Elle reste le fil
conducteur mais après on compose avec le public et dans toutes les situations
tout le monde s’amuse », dit Paco à la fin du concert. Avec un peu de
recul, on voit bien que les deux amis tournent en dérision les constantes des
spectacles : le manteau de fourrure négligemment délaissée par la diva
(devenu la robe de chambre panthère déjà évoquée), la participation du public,
la vente du cd. Je ne raconterai pas les détournements des incontournables
habituels des concerts. Ne pas croire qu’il n’y a que farce et rigolade, la
musique est là : un répertoire de tango assez classique, des reprises
d’Astor Piazzola (Vuelvo al sur), de
Carlos Gardel (Volver) et Adriana
Varela. Marcelino et Appolonio jouent
avec les codes, introduisant des airs de milongas (en 2/4 temps), chantés pour
faire danser dans les bals populaires, au milieu de tangos
« classiques » (en 4/4 temps) plus contemplatifs. Les deux musiciens
marquent d’ailleurs bien la différence, blaguant sur les milongas ou créant une
ambiance plus intimiste, avec leurs mimiques déchirantes sur les tangos
« classiques ». Ils théâtralisent les paroles souvent machos et un
peu grivoises des milongas, comme les accents mélodramatiques de l’amour, de la
tristesse, des dilemmes propres aux tangos plus récents. L’accordéon déploie de
longues phrases, dans lesquelles nous avons le temps de nous installer, de nous
reposer, avant que ne reprenne le tournoiement de la danse. Et après le
concert, la fête continue à l’Amanita Muscaria. Ce soir-là, le public était peu
nombreux, aussi pas de chichi, tout le monde continue à plaisanter, à boire un
coup, entre copains. Marie-Françoise
Après le concert de la Mala Cabeza le
16 avril à l’Amanita Muscaria, Toulouse.
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