14 avril 2013

L'impro habitée par le Trio d'en bas

Avez-vous déjà vu sur scène le Trio d'en bas? Celles et ceux que nous avions sollicités pour nous accompagner à L'impro voir ce groupe et qui nous ont fait confiance ne s'y sont pas trompés. Comme moi, ils ont trouvé ce groupe extraordinaire.
Formidable, génial, extraordinaire, c'est en effet ce qui vient à l'esprit lorsqu'on est pris dans la tourmente de leur concert. Mais quand on a fait l'énumération de tous ces adjectifs plus forts les uns que les autres, on n'a pas dit grand chose, sinon notre émerveillement. En revanche, quand on s'oblige à y réfléchir, c'est la surprise sans cesse renouvelée qui caractérise le mieux ce trio carrément débridé. Pensez-donc: un bar, certes fort agréable, mais dont le cachet est somme toute relativement banal. Et c'est alors que trois musiciens, délibérément hors norme, se sont emparé de ce lieu pour y faire vivre leur musique. Qu'ils soient placés à côté de la porte des toilettes et que celle-ci grince en aurait énervé plus d'un. Mais, dans leur jeu, dans leur musique, ce grincement devint un élément de scène. Les clients à l'envie pressante s'y sont fait interpeller avec force de notes et de postures. Qu'une dame aille se soulager une seconde fois et voici que ce jour faste devint celui de son anniversaire. Les musiciens, avec tact et musicalité, lui adjoignirent alors la compagnie de Laurent, un spectateur hilare, en guise de cadeau. Le premier réflexe, manifesté par un "donnez-nous une planche et des clous", s'est effacé quand on a saisi que le groupe avait ajouté cette porte, et tant mieux alors qu'elle grince, à ses instruments.
Mais, si vous imaginez qu'on s'est poilé comme des bossus (et nous avons été aussi hilares que Laurent précédemment cité), ne croyez pas que nous avons assisté à un show clownesque. Car la musique du Trio d'en bas est une musique sérieuse et, ce qui ne gâche rien, particulièrement belle. Quand le Trio a terminé la très belle ballade "Eliot Song", c'est une salve d'applaudissements qui a pris le relai. On a applaudi avec autant d'intensité lorsque le groupe a conclu "Parce que le libéralisme est liberté, parce que le libéralisme est beauté". Le titre, bien entendu provocateur, a été l'occasion de souhaiter un définitif, ferme et unanime "Rest in Peace for Ever" à Margaret Thatcher mais ce sont les très belles mélodies de ce morceau qui nous ont enthousiasmés.
Et moi qui étais aux premières loges et qui bavais de plaisir devant ce concert génial, j'ai grogné lorsqu'une sotte, mi-pimbêche, mi-saoûle, est venue me casser les pieds et les oreilles en bavassant avec sa copine pendant la musique délicieuse. Mais c'était sans compter sur le fait que sa sottise devint, là encore, un élément à part entière de ce concert. Elle fit une réflexion à propos de bouchons salvateurs et de cheveux dans les oreilles. La pauvre fut alors prise dans la tourmente, invitée à partager ses connaissances avec l'audience et le trio lui dédia finalement le second rappel.
Et nous qui, pendant tout le concert, étions bouche bée, nous nous disions également que c'est le choix qu'il fallait faire en programmant le Trio d'en bas pour l'ouverture de la prochaine édition de Souillac en Jazz. Imaginez un peu le délire: il va jouer dans une grotte!
Rendez-vous donc avec Arnaud Rouanet, Samuel Bourille et Yoann Scheidt le 16 juillet prochain dans les grottes de Lacave pour une très très belle surprise.
Gilles