19 mars 2011

L'Express Trio de Sylvain del Campo

Avec le trio de Sylvain del Campo, tout filait à toute vitesse dont un "Toulouse Connexion" qu'ils ont joué hier soir au Mandala. Tiens donc? Qu'est-ce qui file comme ça et qui a pu inspirer Sylvain del Campo? Et même lorsque le trio s'est lancé dans un morceau qui pouvait s'apparenter à une ballade, on sent dans le jeu de l'altiste une tonne de tension. Sa musique est nerveuse, syncopée. Le jeu de Laurent Coulondre à l'orgue et celui de Pierre-Alain Tocanier à la batterie, très complices, souvent en osmose, n'y sont pas pour rien. On peut raisonnablement penser que Sylvain del Campo guide le trio dans ce chemin. Tant mieux car cette nervosité est un trait caractéristique de cette formation. La musique n'est pas explosive, peut-être car de manière, ai-je envie de dire, linéairement tonique. Les notes défilent à toute bringue et que Sylvain del Campo ait intitulé un morceau "Zone rouge" est particulièrement révélateur. On était en effet continuellement dans les 4000 ou 5000 tours. Ils envoyèrent ainsi le premier set, comme ils envoyèrent la pause de 15 minutes et comme ils annoncèrent la sortie d'Isotrope, le dernier album du saxophoniste. Mais derrière quoi cette musique court-elle? Derrière une sensation de vitesse? De vertige?
Le second set est exécuté au même tempo: à fond les ballons. On croit volontiers le saxophoniste qui, sur son site, fait référence à Kenny Garrett. Il n'y a pas l'ombre d'un silence dans cette musique sans répit. On sentait le trio à l'aise dans le corps à corps et on situait volontiers l'inspiration entre les cordes d'un ring. Mais c'est Jerry Bergonzi qui fut cité et auquel le trio rendit hommage avec un vrombissant "Theme for Jerry". Les morceaux furent vite enchaînés et quand Sylvain del Campo annonça, "pour adoucir", un morceau intitulé "Au bout du chemin", la douceur fut de courte durée. Ce n'est pas le créneau de ce trio qui joue à un rythme d'enfer. Ils ont clôturé le concert avec une dédicace très personnelle au Maroc intitulée... "Marrakech express"... Nécessairement.
Gilles