10 mars 2011

La tarentule toulousaine

C'est un all star au moins régional que nous avons vu et entendu à la salle bleue à Toulouse puisque, outre Rémi Leclerc (qui nous avait signalé ce concert) aux claviers, on y trouvait Ferdinand Doumerc aux saxophones, Frédéric Petitprez à la batterie et Maxime Delporte à la basse électrique et à la contrebasse. Ce quartet, intitulé "la Tarentule", était augmenté, à partir du deuxième morceau, de Jérôme Barde.
Ce projet "Gulp" est construit autour du funk et on conçoit aisément l'influence (revendiquée par le groupe) de la musique d'Herbie Hancock (au moins à partir des années "1970") et plus particulièrement la formation "Head Hunter" que Hancock forma en 1973. Le quartet a débuté le concert par un morceau qui donne son titre au projet. Peut-être donc que ce "Gulp", tout droit sorti de la bande dessinée, dixit Ferdinand Doumerc, est programmatique et que, la démarche, volontairement funk, s'accompagne d'une culture BD, voire comics et d'un humour qui leur permet d'intituler un morceau "Venin" ou un autre "Je sais que tu sais que je sais". Mais cet humour n'est pas nécessairement extraordinaire et heureusement qu'il ne parasite pas la musique. Car la Tarentule excelle dans sa musique. Elle nous offre en effet des constructions toniques, groovies, marquées par des successions de phases très caractérisées et de ruptures. Ainsi, au septième morceau, la contrebasse démarrait sur une phrasé répétitif et structurant tandis que les autres musiciens développaient une ambiance qui ferait de temps en temps penser au free. C'est ensuite que Rémi Leclerc et Fernand Doumerc, à l'unisson, nous ramenèrent sur un terrain plus rassurant. Puis, d'une rupture à l'autre, nous nous retrouvions face à un instant mi-punk, mi-métal. C'est à l'image de cette musique qui semble très construite.
Un exemple encore: "Comme en 40", le seul court morceau, déroulé tout en douceur était suivi par un duo batterie-saxophone très syncopé où on ne savait plus qui, du saxophoniste ou du batteur, tenait la rythmique et développait. Jusqu'à ce que tous les musiciens s'engagent, à l'unisson, dans un rif. Chaque musicien amène une touche très personnelle. Ferdinand Doumerc occupe l'espace central et on le sent leader du groupe. Quelquefois trop? Rémi Leclerc, installé derrière trois claviers, est un explorateur de sons. Sa posture est celle d'un aventurier. Et il fallait voir les doigts de Maxime Delporte aller et venir sur le manche de la contrebasse. C'est un groupe brillant même si on pouvait regretter la très grande discrétion de Jérôme Barde.
Gilles