mort tragique
C’est à l’avant-dernière plage du dernier de Carla Bley, The Lost Chords find Paolo Fresu, qu’on s’aperçoit que tout est tragique. Car Superman est mort. Vous pouvez vous frotter les yeux, vous pincer, vous gifler, il faut se rendre à l’évidence: Superman est mort. Il gît, là, vêtu de son collant bleu, auréolé, sur sa poitrine, de ce losange semblable à un logo de station-service, ses bottines rouges encore impeccables.
C'est tragique et les alternances de Steve Swallow, Paolo Fresu, Andy Sheppard, intenses chorus sur tempo très lent, me feraient volontiers couler quelques larmes. Ils accompagnent Superman dans son dernier vol et ce tempo, si lent, est bien là pour focaliser sur un événement sans action: Superman est mort, vous dis-je, et il n'y a rien d'autre sinon la ligne de basse et cette trompette poignante dans le choeur du saxophone. Noooonnn!!!
Gilles
Libellés : Carla Bley
2 Comments:
Mon petit Gilou, je ne sais pas quels sont les substances dont tu abuses, mais je serais enclin à te conseiller de lever le pied ;)
Ju m'a fait la même remarque. Aïe, aïe, aïe. Je me rattrappe avec la critique que Michel Contat a fait de cet album dans Télérama:
"De tous les personnages hauts en couleur qui peuplent le roman du jazz,Carla Bley est l'un des plus délicieusement fantaisistes. Cette beauté suédoise (née en 1938), musicienne accomplie, compositrice, chef d'orchestre, arrangeuse, pianiste, mène depuis les années 1960 une oeuvre singulière, jamais dépourvue d'humour, à l'esthétique qui oscille entre majesté et comédie. Son chef-d'oeuvre, l'opéra Escalator over the hill, est au jazz ce que Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band est au rock : un manifeste d'indépendance exécuté avec maestria et drôlerie, ce qui n'empêche nullement l'émotion de mélodies splendides et le jeu joyeux avec les mots.
Dans son dernier disque avec le quartet qu'elle dirige, The Lost Chords (les accords perdus), avec son compagnon Steve Swallow à la basse, Andy Sheppard au saxophone ténor et Billy Drummond (une perfection) à la batterie, elle raconte comme une bande dessinée leur recherche aventureuse du trompettiste sarde Paolo Fresu. Cet humour potache apparaît comme le voile de pudeur jeté sur une musique extrêmement émouvante, dont les mélodies s'insinuent sous la peau avec une sonorité à damner les saints. Le mariage de la trompette de Paolo Fresu (souverain dans ses solos) avec le ténor d'Andy Sheppard (granuleux et tendre) est un des bonheurs inattendus de ce disque, qui prend place parmi les meilleurs de Carla Bley - ce qui est dire son excellence."
Élogieux, non?
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