Corps à corps avec une contrebasse
Ils sont trois, ils sont class, ils sont discrets. Ils s’installent et placent d’entrée leur jeu au niveau de la compétition internationale.
Avishaï Cohen capte les regards et l’attention. Incroyable rapport physique entre ce personnage et sa contrebasse. Il la prend à bras le corps et dans toutes les positions ! Ses longs doigts agitent toutes les parties visibles des cordes, le long du manche et jusqu’en dessous du chevalet. Ses mains solides lui donnent aussi de grandes tapes dans le dos, comme à une vieille amie. Je suis convaincue qu’il cogne avec son crâne et frotte avec son oreille. Corps à corps. Il se passe quelque chose entre ces deux-là ; quelque chose de beau, quelque chose de fort. Et nous assistons ébahis à cette déclaration d’amour. On écarquille les yeux, à défaut des oreilles.
Le piano lance de petites phrases, simples mélodies, jouées en boucle, musique répétitive. On attend, on sait que quelque chose d’incroyable va se passer, on attend l’inattendu et bien sûr c’est là ; c’est la batterie qu’on a entendu monter et qui éclate ; c’est la contrebasse qui se métamorphose en multiples instruments, mélodiques et percutants, c’est un rythme qui s’est perdu, et nous sommes à la fois fascinés, ravis et décontenancés. La petite phrase est toujours là, tenace, si simple dans le déploiement imaginatif de sons.
Le concert est intense mais court alors on en redemande. Cohen, qui n’a pratiquement pas pris la parole de tout le concert, se lance dans une chanson en hébreu. Le deuxième rappel poursuit l’élan du chant avec une version étonnante de Come Together en duo batterie - basse, à l’archet ! Le public est ravi et les musiciens reviennent une troisième fois mais achèvent le spectacle avec un morceau qui paraît hors sujet : après avoir donné du jazz ardu et profond, Avishaï Cohen tente de faire chanter la salle sur un air traditionnel. Belle tentative mais on aurait préféré encore du si bon jazz qu’au début, encore et encore… Encore un trio piano –basse – batterie qui transporte, tonifie ; c'est sûr il n'y a pas qu'un "Maestro" parmi ces trois musiciens!
Libellés : avishai cohen, contrebasse, Jazz sur son 31
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