02 août 2007

Jus de Bocse au pays des truffes



Le 24 juillet, place du marché au bois à Périgueux, les quilles sont installées sur le macadam. Médéric Collignon déboule comme un chien fou dans le jeu du jazz. Aux cliquetis des fourchettes répond la trompette davisienne clinquante et au klaxon d’une voiture, le cornet de poche. Après avoir fait les beaux jours des Struber, Sclavis, Emler, Barthélémy, …, du Sacre du Tympan, le voici à la tête d’un appareil à musiques, véritable bastringue. Il y a là toutes les musiques autour de lui, les bruits de la vie, le funk, le jazz bien sûr, tous les sons, sa voix, ses voies qu’il défriche. Il y a surtout « the box » constituée par Franck Woeste au Fender Rhodes, Frédéric Chiffoleau à la contrebasse et Philippe Gleizes à la batterie, qui fait plus équipe avec Collignon qu’avec le bassiste. Médéric, ce n’est pas seulement le répertoire de Miles, ce n’est pas seulement la trompette, c’est surtout le trublion du jazz, le ménestrel saltimbanque. Trublion, Miles l’a été en son temps, ils ont en commun l’originalité, l’innovation, l’impertinence. Collignon, c’est un coup de pied dans la fourmilière du jazz, c’est un pied de nez à la conformité mais c’est surtout la joie, l’humour, le talent, le sens inné de la musique, le plaisir de dialoguer avec le public, LE jazz. On tient là, au-delà du prix Frank Ténot récompensant la « révélation » aux Victoires du Jazz, plus qu’une révélation, un immense homme-orchestre qui joue de la voix comme personne (je lui donne la mienne) : INCOMPARABLE !

Robert Peyrillou