Music’Halle, jeune femme de 30 ans
Concert anniversaire, salle Nougaro, Toulouse, vendredi 10 novembre
Par ce refrain le chanteur et
le slameur ont scandé ce que nous, spectateurs, avions envie de dire :
encore de la musique et de la fête, encore, et merci aux musiciens et
musiciennes qui nous donnaient cette musique et cette fête, merci. Sans doute,
pour ceux qui étaient sur scène, l’adresse était aussi envers Music’Halle, lieu
de transmission unique qui a 30 ans cette année, et envers son directeur
Philippe Metz et toute une équipe qui donnent son envergure et sa force à cette
école des musiques vivaces.
Sur la scène de la salle
Nougaro, un grand orchestre, un très grand orchestre puisque j’ai compté à côté
des 2 accordéonistes, 4 violonistes, 2 violoncellistes, 6 saxophonistes, 2
trombonistes, 2 trompettistes, 1 flûtiste, 1 contrebassiste, 1 bassiste, 2
guitaristes, 2 pianistes, 2 batteurs, 1 percussionniste, 1 vibraphoniste, 6
chanteurs dont 1 beat-boxer, 1 slameur, 1 autre beat-boxer et 1 poète. Total :
37. Pour mener cette foule dans des voyages enjoués, Marc Démereau, Christian
Ton Ton Salut, David Haudrechy, David Pautric, Cyril Amourette et Denis Badault
ont pris, chacun son tour, la baguette directionnelle, les coups d’œil
complices et ont insufflé leur vitalité communicative. Tout ceci lié par les frasques
verbales d’Éric Lareine, apparu en début de soirée en frère siamois de Philippe
Metz auquel il aurait ravi la parole.
De la fête de village aux
ritournelles entraînantes et aux clameurs exubérantes, le témoin est passé à
une puissante déferlante, flots emportant avec eux saxophones et trompettes,
violons et percussions, répercutés en vagues vocales, qui successivement ont
déposé leurs chants. Le chanteur-poète apparaissait
entre les morceaux, déposant délicatement sur l’événement en gestation ses
propos de funambule, sons-sens à peine décalés, à l’aube de la musique à
naître.
Les voix ont été à la fête
dans une reprise de l’ultra-célèbre Ô Toulouse, dans les flonflons des violons
qui ont laissé le pas à un rock de guitare-héros puis qui ont débordé dans un
jazz passionné. Moment inoubliable que les passes de balles des deux
beat-boxers au-dessus de la tête d’un Eric Lareine imperturbable. Sans balle
bien sûr ou plutôt en balles-sons. Décidément tout est son et m’oblige à des
néologismes.
Tout est son et tout est fête,
en l’honneur de cette jeune femme de 30 ans, Music’halle, et les
musiciens-musiciennes s’amusent ; parfois, subrepticement, on les sent
farceurs, toujours joueurs. Je dis : encore ! au duo voix-violon, je
veux prêter l’oreille aux sons venus d’ailleurs mais venus du corps ; je
dis : encore ! aux délires endiablés ; je veux bouger aux
rythmes de musiques pleines des espaces saturés de joie. Chanter et divaguer,
jouer avec, jouer entre, transmettre.
Je trouve bien conventionnel
de fêter ses 30 ans. J’encourage Music’Halle à fêter ses 31 ans. Ce serait plus
fun non ? de créer encore des événements aussi fous, aussi forts, aussi
musique.
Marie-Françoise
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