Entretien avec Renaud Garcia-Fons
Vous
venez jouer à Souillac votre projet « Solo », avec votre contrebasse.
Pourquoi en solo ?
C’est très simple, c’est pour pouvoir faire
écouter et entendre une musique différente de celles que je fais quand je joue avec
des groupes. La contrebasse, c’est vrai, n’est pas un instrument tellement axé
sur le solo ordinairement. Mais depuis que je travaille cet instrument, ça fait
plus de trente ans,
j’ai développé des compositions qui
contribuent à faire un concert solo qui soit tout public. Qui soit mélodique et
qui soit attractif dans les types de musiques qu’il évoque puisque c’est un
voyage à travers les musiques du monde. Pour certaines pièces, je m’aide aussi
du sampling, c’est-à-dire d’autres sons de ma propre contrebasse.
Ce que je vais vous jouer là, c’est qu’on
entend sur le cd dvd que j’ai enregistré en direct au prieuré de Marcevol il y a un an et c’est vraiment concert tout
public. J’ai eu l’occasion de le jouer dans le monde entier. Je reviens de
Californie où j’ai joué le même programme. On l’apprécie justement parce qu’on
entend une musique à laquelle on ne s’attend pas trop de la part d’une
contrebasse.
Pouvez-vous
nous parler de votre contrebasse, cet instrument qui donne vie à votre
imagination et à votre poésie ?
Bien sûr je vais vous dire que c’est une
contrebasse à cinq cordes avec un do aigu. Mais c’est une contrebasse dans sa
taille tout à fait ordinaire. Elle a été construite par contre par un très grand
luthier français qui s’appelle Jean Auray. C’est le troisième instrument qu’il
m’a construit. Qui a la particularité d’avoir un manche démontable ce qui me
rend pratique tout voyage en avion. L’instrument est très important mais je
pense aussi que le travail de l’instrumentiste, l’aspect technique l’est aussi.
J’utilise différents types : l’archet, le pizzicato et l’utilisation de différentes
techniques fait de cet instrument une contrebasse à voies multiples.
Vous
nous l’aviez dit, votre musique est le fruit d’un très gros travail.
Pouvez-vous nous donner quelques idées de la manière dont vous
travaillez ?
Bien sûr, c’est un long et patient travail
de préparation, et je pense que beaucoup de musiciens sont dans ce cas là. Les
gens voient un résultat et peut être certains ne se doutent pas… Mais je pense
que quand même beaucoup Se doutent que ce sont des années, des mois de travail.
Même sur un programme solo ce sont des mois de travail bien sûr.
Vous
utilisez des boucles, du sampling : pouvez-vous nous expliquer comment
vous faites et dans quel dessein ?
C’est le principe de l’enregistrement en
direct et de l’écoute en direct tout seul. Petit à petit se rajoutent d’autres
contrebasses mais, je dirais, j’ai calculé ça pour que ce ne soit pas quelque
chose d’ennuyeux. C’est-à-dire que de manière générale, on fait des boucles on
improvise dessus et puis point final. Dans mon cas, l’idée c’est d’arriver à
faire de véritables orchestrations qui évoluent dans le temps et d’aboutir à
des compositions à part entière. C’est plus qu’un simple agrément, qu’un simple
gadget.
C’est
écrit ?
Oui une grande part de ce que je fais en
solo est écrite. Bien sûr il y a des parts improvisées mais dans l’ensemble
c’est un projet extrêmement structuré et écrit, y compris les boucles.
Vous
étiez venu jouer Arcoluz dans le cloître avec Kiko Ruiz et Pascal Rollando et
tout le monde en garde un souvenir ébloui. Nous avions voyagé avec vous tout
autour de la Méditerranée, dans un univers de lumière et de poésie. Est-ce un
nouveau voyage que vous nous proposerez cet été ? où ? avec qui ?
quelles sont vos sources d’inspiration ? vos influences ?
Là, à la différence du trio que vous aviez
entendu qui était centré sur le flamenco sur la rencontre du jazz et du
flamenco, ce répertoire est tourné vers les musiques du monde au sens large. Il
part du monde méditerranéen pour aller vers l’Orient mais aussi pour aller en Amérique
du nord et revenir en Europe du nord avec une évocation de la musique celtique.
C’est un voyage au sens le plus large du terme et pas seulement centré sur la Méditerranée.
Et
vos sources d’inspiration ?
Elles sont tellement multiples. Depuis que
j’écoute de la musique, étant enfant, et vous voyez je vais avoir 50 ans, elles
sont multiples, méditerranéennes, orientales, iraniennes, africaines,
latino-américaines, d’Américaine du nord, avec l’évocation aussi blues, et
aussi la musique celtique.
Dans
le cloître, nous avions ressenti une parfaite adéquation entre votre poésie
inspirée et la spiritualité du lieu. Vous allez jouer devant la majestueuse
abbaye romane. Le site a-t-il une influence sur votre musique ? sur votre inspiration ?
Oui C’est pour ça que j’ai souhaité
enregistrer mon programme dans ce magnifique prieuré de dans les Pyrénées. Je
pense qu’un lieu émet des vibrations auxquelles un musicien est sensible et ça
se traduit par l’interprétation des pièces écrites et aussi par l’aspect
improvisé. Le son d’un lieu aussi. Tout ça a vraiment une influence. Les murs,
les pierres dégagent quelque chose, je ne saurais pas vous dire quoi, mais c’est
quelque chose qu’on ressent oui.
1 Comments:
Très intéressante cette interviews !
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