Filmer Omar Sosa
Omar Sosa, souvenirs d'Afrique
©2010 Gabriel Schwarb
Chaque son est un geste que la caméra doit voir et montrer.
Entretien avec Olivier Taïeb, réalisateur
- Votre film, Omar
Sosa, souvenirs d’Afrique, sera projeté à
Souillac le lundi 16 juillet dans le cadre du festival de jazz. D’où vient
l’idée de ce film ?
- Je fais beaucoup de captations de concert, à New York, à Istanbul,
à Tel Aviv bientôt, et aussi en France
et j’ai suivi la tournée d’Omar Sosa en Afrique. C’était un voyage très
riche dont j’ai fait un film. J’avais réalisé l’année précédente Jazz Mix qui se passe dans les clubs de
jazz newyorkais, j’avais filmé beaucoup de concerts. Ce film emporte l’adhésion
du public. Quand il est projeté en plein air, les gens se lèvent, dansent. Un
grand voyage dans les clubs de jazz, avec beaucoup de musique.
- Justement, vous
avez réalisé deux films sur la musique de jazz et d’autres documentaires. Comment
s’inscrivent les films sur le jazz dans votre travail ?
- Je fais des films sur la peinture et sur la musique et
aussi sur la haute joaillerie, dont un long métrage, Le monde de Vendôme. Ce qui m’intéresse c’est le spectacle vivant,
l’artisanat, la création en live, le direct. Je film les peintres dans leurs
gestes, les artisans aussi.
J’ai donc suivi Omar Sosa en tournée en Afrique puis j’ai
eu un long entretien avec lui à Barcelone en rentrant. Le film comme la tournée
du musicien porte sur le retour aux origines. Omar Sosa cherche en Afrique la
source de sa musique et celle de la musique cubaine. Nous avons voyagé avec
lui ; j’ai filmé les pays, les gens. Le film réunit les concerts, les
enregistrements, les préparations de concert et des plans tournés dans les
pays. Même si le temps passé dans chaque pays a été court, nous avons pu filmer
les gens, les paysages. Je trouve que c’est un beau film. Il a été sélectionné
à Los Angeles, à New York. Il est en salle à Paris en ce moment et il est passé
plusieurs fois à la télévision.
- Vous faites
plusieurs « métiers » …
- Oui, d’abord je suis cadreur. Lors des captations de
concerts, je suis sur scène avec ma caméra et selon les indications du
réalisateur, je cherche des images porteuses d’émotion. Ensuite, quand je suis
réalisateur, je donne des consignes travail très précises, je veux des cadres
très précis, tout au service de la musique. Je ne fais pas d’effet, on peut me
trouver très classique. Avec des images très précises, les sensations naissent
au montage. Je trouve qu’il faut filmer avec les oreilles plutôt qu’avec le
regard. Je cherche à saisir les ponts entre les musiciens. Dans le jazz, les
musiciens se passent et se repassent la balle, je veux saisir la communication
entre eux. Chaque son est un geste et la caméra doit voir et montrer ça.
L’image doit être saisissante dans le détail. Je fais de très gros plans, je
cherche des axes qu’on voit peu, sous la basse ou la batterie. Je capte les
regards entre les musiciens. L’essentiel, c’est d’être à l’écoute. Chaque note
emmène quelque part. Au montage, toutes les émotions, toutes les sensations
surgissent. Avec Omar Sosa, il y a une richesse époustouflante. Il a plusieurs
styles, du jazz à la Thelonious Monk, du traditionnel sud-américain, de la
musique africaine ; c’est un virtuose presque autodidacte. En plus, il a
des liens très forts avec ses musiciens ce qui lui permet de faire beaucoup
d’improvisations. J’ai vu et filmé trois fois le même concert et c’était
complètement différent. Il établit également des liens très forts avec le
public, il se lève, il interpelle les gens. Il a besoin de ce rapport avec le
public. Sur scène, il a également un cérémonial, lié à la religion afro-cubaine
santériste, des objets, un costume. C’est très important pour lui. Omar Sosa
tourne énormément, il a un besoin viscéral de la scène et du rapport avec le
public.
- Omar Sosa est un
musicien de grande notoriété.
- Oui, il est très très connu dans le monde du jazz, et
même plus. Le concert « live à FIP » est magnifique. C’est un très
très grand musicien, un des plus créatifs aujourd’hui, un des plus novateurs.
Il est certainement celui qui a fait le plus évoluer la musique cubaine. La
musique cubaine traditionnelle a eu et a encore une forte influence sur le
jazz, même sur le bebop. Dans les années vingt-trente, des musiciens cubains
sont partis à Harlem et les jazzmen américains ont entendu ces sons et le jazz
a subi cette influence.
Omar Sosa est très fort, il passe de la musique
traditionnelle cubaine au jazz très novateur, il crée des liens entre l’Afrique
et l’Amérique latine dans une grande cohérence.
A Paris, à New York, il remplit les salles, c’est parmi
ce qu’il y a de mieux sur la scène musicale. Il transcende le public, tout le
monde se lève, il fait « la révolution ». Vous avez une programmation
exceptionnelle, vos spectateurs ont de la chance.
- Oui, je me réjouis
de ce concert. Et le film ?
- C’était une très belle aventure, épuisante puisque nous
avons parcouru quatre pays en quatorze jours, l’Éthiopie, le Soudan, le Kenya
et le Burundi. Nous avons fait un gros travail sur le son, l’ingé-son était sur
place, avec plein de micros ; nous avons des sons des rues, des sons des
pays. Vous verrez tout ça dans le film. Et c’est un beau film, achevé.
photo du tournage ©2010 Gabriel Schwarb
Olivier Taïeb
avait l’intention de venir présenter son film à Souillac mais il part en
Finlande, filmer des concerts au Pori Jazz Festival.
"Omar Sosa souvenirs d'Afrique" est un film documentaire de 2010.
Réalisation : Olivier Taieb - Production : Barking Dogs avec la participation de France Télévisions -
Durée : 52 min
Réalisation - Olivier Taïeb
Ingénieur du Son - Martin Descombels
Monteur - Julien Roland
Producteur - Amos Rosenberg
"Omar Sosa souvenirs d'Afrique" est un film documentaire de 2010.
Réalisation : Olivier Taieb - Production : Barking Dogs avec la participation de France Télévisions -
Durée : 52 min
Réalisation - Olivier Taïeb
Ingénieur du Son - Martin Descombels
Monteur - Julien Roland
Producteur - Amos Rosenberg
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