Ibrahim Maalouf, rock'n jazz
Mercredi 13 octobre, salle Nougaro, Toulouse. Ibrahim Maalouf prend le micro et évoque ses cultures musicales, classique, électro, libanaise ; il nous met en garde, le concert sera rock. Il commencera par une chanson calme mais ça ne va pas durer. Seul, il joue un air aux sons tenus, mélancoliques et poétiques. Rejoint par le batteur Xavier Rogé qui renforce en tapant les tambours à mains nues l’histoire déroulée à nos oreilles, il construit un monde onirique. Que vient exploser le second morceau : en effet piano, guitare et basse renversent le jeu et c’est un torrent de cailloux déchaînés qui déferle sur la salle. Cette musique prend aux tripes, secoue les jambes et les têtes, suspendue quand, seul avec sa trompette, Ibrahim Maalouf murmure, raconte, puis se laisse aller à son tour à la déferlante rock. C’est fort, joyeux, le public ne peut résister à une telle vitalité. Reprenant le micro, il raconte encore, raconte Beyrouth dont il a cherché les cicatrices. Le morceau éponyme, « Beyrouth », écrit en 1993, introduit une autre rupture et dévoile ses angoisses, ses peurs, ses blessures. Sa trompette quart de ton unique inquiète sous le martèlement obsédant du piano. Qu’elle chuchote ou qu’elle explose, la musique est chargée de sonorités étranges, entre le bruit du vent et les chants d’Orient, incertaine, telle une fuite dont on ne revient pas, désespérée. Mais la fête reprend, pêchue, ardente, la batterie accélère et ça déménage. Les histoires que nous raconte le quintet d’Ibrahim Maalouf ouvrent la porte à un jazz très personnel, où rien ne va de soi, où règnent les contrastes entre rigolade et désespoir, ancrée dans le sol et portée par le vent. Marie-Françoise
Libellés : Ibrahim Maalouf, Jazz sur son 31
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