Dans une salle de restaurant trop éclairée, un pianiste, un contrebassiste et une saxophoniste bœufent. Assis autour d’une table, entre les reliefs de desserts copieux et colorés, six jeunes dessinent. Le grand charme du bœuf, pour le spectateur, consiste à voir pleinement comment les musiciens se découvrent, comment, sur un socle partagé et connu, ils élaborent une composition unique, nouvelle et éphémère. Pendant ce temps, les dessinateurs prennent la musique à pleine page : sur des carnets, des petits cartons, des morceaux de papier, les figures apparaissent. Un feutre dur esquisse les contours d’une silhouette, estompés par un pinceau trempé dans un verre ; une plume aborde la courbe du pavillon du saxophone, bientôt pourvue de doigts puis d’un bras ; un crayon gras noircit les bordures. Les pastels ajoutent des touches colorées, achevant l’image. Sur le carnet, les dessins se superposent, s’enchevêtrent, créant un paysage, au rythme de la musique qui décline les idées et les phrases : compositions improvisées, juste pour le plaisir. Debout derrière les dessinateurs, je suis fascinée par les regards : les yeux des musiciens se posent brièvement sur l’instrument et la main, se rencontrent dans la complicité et l’échange puis cherchent le public à moins qu’ils ne se ferment sur une musique intérieure ; dans un mouvement incessant et rapide, les yeux des dessinateurs sont posés sur l’objet dessiné, sur l’ensemble de la scène et sur les dessins, à moins qu’ils ne cherchent sur la table ou dans une trousse un outil approprié. Dans cet espace ludique, les erreurs font partie du jeu : l’encre noire dissimule, un trait est détourné de sa destination initiale, la difficulté musicale est esquivée avec un sourire, une phrase est retournée, transformée, développée. On l’a compris, il y a, à mes yeux, beaucoup de similitudes entre les improvisations musicales et les compositions graphiques, parallèle bancal puisque les musiciens ne savent pas que les crayons les croquent. Cette scène, foisonnante et jubilatoire, s’est déroulée jeudi 19 juillet à Souillac avec Rémi Leclerc et Thibaud Dufoy au piano, Jean-Pierre Kuntz à la contrebasse, Chisato Cieux au saxophone, Aline, Barbara, Flore, Nicolas et deux autres dessinateurs et la participation de Soweto Kinch, tard dans la nuit.
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Chisato au saxophone |
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Thibaud (p), Chisato (s), J-Pierre (cb) |
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Thibaud (p) et Jean-Pierre (cb) |
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Rémi (p), Jean-Pierre (cb) |
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Jean-Pierre |
Les dessins ont été réalisés par Flore Vigneron ; je n’ai pas récupéré les autres (essentiellement en raison de leur format) et je le regrette.
Un dessin a été réalisé lors du concert de Soweto Kinch le soir même.
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Concert Soweto Kinch, devant l'abbaye |
Marie-Françoise
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